jeudi , 28 mars 2024
enfrit
La Grande Ile a aujourd'hui deux présidents de laRépublique, et les partisans des deux hommes forts du paysrisquent à tout moment de verser dans des actes de violence etde vandalisme qui inquiètent les observateurs.

Des violences qui inquiètent

Didier Ratsiraka, pour l’instant, n’affiche nullement l’intention
de jeter l’éponge, alors que depuis l’investiture de Marc
Ravalomanana, Madagascar a deux présidents de la République,
mais ni l’un ni l’autre, jusqu’à présent, n’arrive à
gouverner le pays convenablement. Marc Ravalomanana, qui vient de
prêter serment, n’a pas encore mis sur pied son propre
gouvernement, tandis que les ministres du gouvernement du président
en titre, Didier Ratsiraka, n’arrivent même plus à
rejoindre leur bureau. Et beaucoup d’entre eux sont contraints de
changer de domicile pour des raisons de sécurité, alors
que sur la place du 13 mai, des partisans de Marc Ravalomanana
évoquent déjà, pour bientôt, d’éventuels
«mandats d’arrêt » à l’encontre des
responsables du gouvernement de Didier Ratsiraka.


Sécurité renforcée


Mais pour le moment, c’est Marc Ravalomanana qui est concerné
par un mandat d’arrêt. Ce qui a conduit ses partisans à
s’organiser pour assurer sa sécurité. Plusieurs
barrages ont été érigés par quelques
milliers de personnes aux alentours de son domicile dans le quartier
de Faravohitra, où des fouilles systématiques sont
effectuées sur les passants et les véhicules.


En outre, on peut se demander actuellement du pouvoir réel
des dirigeants malgaches. Le Premier ministre, Tantely Andrianarivo,
dans la soirée du 22 février, à l’issue d’un
conseil des ministres dirigé par le président
Ratsiraka, a communiqué un décret instituant l’état
de nécessité nationale sur tout le territoire malgache,
alors que dès le lendemain les partisans de Ravalomanana ont
tenu un nouveau rassemblement. Ce qui est théoriquement
interdite à la suite de la nouvelle donne.


Les observateurs se demandent aujourd’hui si le Premier ministre
et le président Ratsiraka ont les moyens d’appliquer l’état
de nécessité nationale. Une situation qui permet au
président de la République de s’octroyer les pleins
pouvoir.


Vandalisme


Dans certaines villes, pourtant, les partisans des deux présidents
ont versé dans des actes de vandalisme et de violence qui
inquiètent plus d’un. A Fianarantsoa, à 400 km de la
capitale, dans la nuit de samedi, les locaux de la station de radio
MBS de Marc Ravalomanana ont été incendiés par
un groupe de commando. Et comme pour «se venger » de cet
acte, les partisans de Ravalomanana ont incendié dès ce
25 février un bâtiment qui abrite une station de radio
proche de Didier Ratsiraka.


Dans la ville d’Antsirabe, à 170 km d’Antananarivo, ce fut
le domicile d’un député du parti présidentiel
AREMA qui a été incendié, ainsi que des
véhicules, en réaction à une menace d’incendie à
la station MBS également.


Face à face tendu, donc, entre les deux présidents.
Marc Ravalomanana s’apprête désormais à mettre
sur pied son gouvernement. Tandis que Didier Ratsiraka se trouve dans
un endroit inconnu. Il serait déjà à Paris selon
des sources officieuses. Des proches de Ravalomanana ont, par
ailleurs, affirmé que le président sortant serait dans
son domicile d’Ambodiatafana, à l’Est du pays.


Dorénavant, le bras de fer entre les deux hommes ne
s’arrêtera que lorsque l’une des deux parties abdique.