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Elections communales : la méfiance et le doute avant les résultats
Comptage de voix dans un bureau de vote lors des élections communales du 31 juillet 2015

Elections communales : la méfiance et le doute avant les résultats

La bataille électorale continue entre des protagonistes qui tentent de défendre leur victoire et d’autres qui veulent transformer leur défaite. Les décisions des tribunaux administratifs restent imprévisibles malgré des matériels de vote qui avaient été présentés comme infalsifiables et dont la possession par les délégués des candidats est censée rendre la fraude difficile, voire impossible. Les commissions électorales régionales sont épaulées par les membres du CENIT pour publier des résultats provisoires.

Deux semaines après le scrutin, les maires ne sont pas toujours officiellement élus. Entre temps, de nombreux résultats ont été manipulés et remis en cause, à tel point que les révélations et les dénonciations fusent. Fraudes, liste électorale tronquée avec des suppressions et des rajouts, des bulletins de vote pré-cochés, transports d’électeurs vers une commune, distribution d’argent aux électeurs, des fausses cartes d’identité… les éléments à charges sont nombreux. Ils ne visent pas uniquement le parti au pouvoir puisque le HVM porte aussi plainte, s’estimant victime d’irrégularités.

La liste électorale est très critiquée, étant soupçonnée d’être le moyen qui a facilité la fraude. « Il y a une part de responsabilité de la CENIT mais aussi celle des électeurs qui ne sont pas venus vérifier si leur nom figure sur la liste », concède Fano Rakotondrazaka. Celui qui est le porte-parole de la CENIT national estime qu’il y a aussi une volonté de semer des troubles. Il attribue la faible participation au scrutin à une sensibilisation restée insuffisante. « Les gens sont déçus par le comportement des politiciens », a-t-il ajouté.

A Fénerive Est, la méfiance entre les candidats a failli dégénérer. Le soir du 31 juillet, les 9 candidats adversaires du HVM sont descendus dans la rue accompagnés de leurs partisans pour dénoncer des supposées fraudes massives orchestrées par le favori du parti au pouvoir. Ils ont même fait sortir leurs délégués des bureaux de vote. Fano Rakotondrazaka rapporte que lors du comptage des voix, il n’y avait plus que le délégué HVM dans la salle. Ce qui n’a pas manqué de donner quelques fils à retordre à la CENIT.

« Ce sont les délégués qui doivent choisir les scrutateurs, on était face à un problème, rapporte ce lui a été coach de la région Analanjirofo pour l’organisation de ces communales. Les gens qui ont voté dans le bureau de vote ont peur. On a dû les chercher dans leur domicile ». Quand le comptage des voix et la rédaction des PV ont été terminés, il était déjà 5 heures du matin. Et c’est le candidat Michel Saina, proche du parti VPM MMM, qui a largement gagné. Le doute n’était pas fondé. De ce fait, ce lui qui a vivement critiqué l’organisation du scrutin demande à ce que l’on protège le résultat de celui-ci.

Une commission ad hoc supervise les commissions de recensement des matériels de vote dans la vérification des résultats. Elle contrôle les PV et les feuilles de dépouillement, puis vérifie si les chiffres correspondent aux résultats saisis. « Dans certains cas, il y a une anomalie concernant le nombre de voix obtenues par un candidat. La commission ad hoc peut opérer un redressement », déclare Fano Rakotondrazaka. Il précise que la modification ne peut pas être portée sur les voix obtenues mais sur les votes blancs et nuls. Les résultats provisoires sont publiés dans un délai de 10 jours après la réception du dernier pli. Selon le porte-parole de la CENIT, « la perfection n’existe pas mais il est difficile de changer les résultats ». Il évoque des précisions dans les chiffres et une concordance à respecter. Faute de quoi, on verra tout de suite que les résultats ont été manipulés. Le seront-ils aux yeux des tribunaux administratifs ?

A. Herizo