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Francophonie : un Sommet de plus en plus contesté
La SG de l'OIF Michaëlle Jean et le président Hery Rajaonarimampianina, en mars 2016

Francophonie : un Sommet de plus en plus contesté

A huit mois du XVIè Sommet de la Francophonie, le débat est relancé sur l’opportunité pour Madagascar d’organiser un tel évènement. Le tout nouveau Bureau Régional de la Francophonie à Antananarivo marque un tournant sur l’implication de la Grande Ile. Il va contribuer à promouvoir et défendre les valeurs de paix, de démocratie, de justice, de liberté, du respect des droits humains, l’accès à l’éducation et la coopération.

A l’issue de sa visite à Madagascar lors de la semaine de le Francophonie, la Secrétaire Générale de l’OIF, Michaëlle Jean, a affirmé avoir « ressenti et vécu l’élan pour la concrétisation du désir de Madagascar d’accueillir le monde, avec ce que cela suppose en termes d’opportunités d’échanges, d’enrichissement mutuel et de projection qu’offre le XVIème sommet de la Francophonie ». Un optimisme qui n’est pas franchement partagé par la majorité des malgaches. Les autorités ont du mal à convaincre les citoyens et à les mobiliser, la faute à une communication aussi rare que déficiente. « Il faut de la confiance, s’y engager, prendre le temps et communiquer » a martelé la SG de l’OIF.

Michaëlle Jean a rappelé que Madagascar a voulu le XVIè Sommet de la Francophonie. Elle a salué cette envie de recevoir le monde, des invités venant de 80 Nations des cinq continents. « Se renfermer sur soi-même c’est se priver des possibilités d’amener les autres à soi, d’aller vers des investisseurs et des partenaires », a-t-elle déclaré, précisant que le rôle de la Francophonie c’est justement d’offrir ce vaste espace de partage.

Un mouvement de contestation

Le vent de contestation autour de l’organisation du Sommet de la Francophonie est l’œuvre des opposants. D’aucuns doutent de la capacité du régime à organiser comme il le faut l’évènement. L’OIF a une équipe à Madagascar pour suivre les préparatifs mais le scepticisme est de mise quant à la livraison à temps des infrastructures. Sur le fond, c’est l’opportunité pour Madagascar qui est remise en cause. Les discours de l’opposition sont ouvertement populistes, estimant que la majorité des 23 millions de malgaches n’en bénéficieront pas contrairement à une poignée d’hommes d’affaires et d’entreprises, ainsi que la petite bourgeoisie.

Difficile pour l’Etat de démontrer les retombées dans l’économie du pays et l’effet multiplicateur des investissements réalisés. « On aurait pu construire ces routes et ces infrastructures sans accueillir ce grand évènement, vu qu’ils nous demandent de financer les projets nous-mêmes », s’insurge les anti-sommets. Ils sont persuadés que ces investissements auraient dû être consacrés à de vraies priorités. Sur le plan de la sécurité, la peur des attentats vient s’ajouter aux méfaits des délinquants et autres criminels ces derniers temps. L’OIF va apporter son appui à Madagascar par le biais du Réseau international francophone de formation policière (Francopol) et par une mutualisation des moyens.

Les « anti-français » se sont aussi réveillés. Les « extrémistes patriotes » dénoncent une machination pour mettre la main sur Madagascar, estimant que les pays occidentaux s’activent pour tirer profit de l’Afrique face à la concurrence de la Chine. Le dossier îles éparses est à la fois un argument pour les anti et pro-sommet. « Ce n’est pas la peine d’accueillir la francophonie tant que la France ne nous a pas restitué cette partie de notre territoire » disent les premiers. « Les malgaches auront l’opportunité d’aborder le problème devant la communauté internationale comme témoin », affirment les seconds. Pour la SG de l’OIF, cette question concerne les deux pays. Michaëlle Jean n’a de cesse répété que la France n’est pas la Francophonie mais l’amalgame est tenace.