La bourde du secrétaire général de la présidence de la République est un imbroglio politique sans précédent. La démission du premier ministre Jean Ravelonarivo a été annoncée alors que ce dernier n’a pas encore signé, il a demandé un peu de temps mais sans non plus refuser, la lettre qui a été rédigée pour lui. C’est un décret caduc et complètement illégal qui a été annoncé. La démission est cependant effective bien qu’illégal puisque l’intéressé a promis de rédiger lui-même la lettre et de la remettre au président de la République.
« Echec et mat, le président a fini par gagner et obtenir quasiment de force la démission du premier ministre. C’est un limogeage à peine déguisé, il y a probablement eu beaucoup de marchandages ». C’est un ainsi qu’un politicien proche de Jean Ravelonarivo décrit la situation. Le premier ministre sortant a été convoqué au palais présidentiel vendredi 08 avril 2016. Après deux mois sans dialogue entre les deux têtes de l’exécutif, il a été prévisible que cette rencontre devait déboucher sur un dénouement de la crise institutionnelle qui plongeait le pays dans une inertie inquiétante.
Alors que le président Rajaonarimampianina essayait encore de convaincre son premier ministre de quitter son poste, le secrétaire général de la présidence a annoncé à la presse la démission de ce dernier et de son gouvernement. Techniquement, ce décret a valeur légale et s’applique dès sa diffusion par les médias. Et on n’est plus en 1962, date de l’ordonnance stipulant que la loi est en vigueur dès sa publication par émission radiodiffusée et télévisée. L’information est immédiate : « est acceptée la démission du premier ministre Ravelonarivo Jean, en son nom et au nom du gouvernement de la République ».
Ainsi, c’est dans sa voiture en quittant le palais d’Etat d’Iavoloha que le premier ministre a entendu la nouvelle de sa démission et de celle du gouvernement. Il a riposté en appelant à son tour la presse. Il révèle alors que, avant de signer éventuellement la lettre de démission qu’on lui a soumise, il a demandé à consulter sa famille. « J’ai étonné d’entendre que j’ai démissionné », déclare le premier ministre. Il n’entend pourtant pas contester ce limogeage déguisé. « Au nom de l’intérêt supérieur de la nation, pour le développement, je reviendrai au palais remettre une lettre de démission », a-t-il ajouté. Une lettre en bonne et due forme. Ce qui suppose que la présidence a lourdement fauté en annonçant une démission qui n’a jamais eu lieu sur la base d’une lettre non signée. Quoi qu’il en soit, le fait est accompli. Le décret de nomination de Jean Ravelonarivo au poste de premier ministre a été abrogé.
A. Herizo