« Le président travaille sur la question, au cas où vous vous demanderiez où était-il passé ». C’est ainsi que Hery Rajaonarimampianina a évoqué l’épineuse affaire de la nomination du premier ministre et son silence face au grand bruit que faisait le Mapar. Il a traduit sa parole par les actes en refusant un candidat imposé par le parti actuellement majoritaire à l’Assemblée nationale. Cette nomination se fera « dans l’esprit de la réconciliation nationale et dans le respect des lois ».
Un premier ministre issu du consensus avec le président de la République signifie une défaite pour le Mapar de Andry Rajoelina, persuadé d’avoir les clés du pouvoir et un président qui lui est redevable. « Nous n’avons pas préparé de plan B, puisqu’on s’est basé sur ce que dit la loi », a concédé Maharante Jean de Dieu. Le député et non moins ancien conseiller juridique du chef de la Transition fait référence au fameux article 54 de la Constitution qui donnerait au Mapar, ayant 49 députés et disposant de 25 alliés issus du GPS, la prérogative de proposer le nom du premier ministre. Seulement, il s’est avéré qu’il ne peut pas l’imposer si le candidat ne convient pas au président élu, ne remplissant pas le critère de la réconciliation nationale.
A Ambohitsorohitra, on joue la montre. « On ne devrait pas se précipiter pour nommer le premier ministre ». Le président donne ses directives sur les critères de sélection et sur sa vision de la gestion des affaires de l’Etat. « La Constitution est une loi fondamentale, personne ne peut s’en écarter », rappelle-t-il, sans doute pour rassurer le Mapar et ceux qui le soupçonnent de passer outre l’article 54. Il souligne toutefois que cette même Constitution se préoccupe de la stabilité du pouvoir. En clair, le Mapar devra proposer un premier ministre de consensus, du moins avec le président de la République qui ne jure que par la réconciliation nationale et la stabilité politique.
Après avoir recadré la majorité pro-Rajoelina, le président Rajaonarimampianina commence à montrer son autorité. Il a procédé au remplacement de trois membres de la Haute Cour Constitutionnelle dont le président Jean Michel Rajaonarivony. Les magistrats Yvonne Raharisoa et Fara Alice Ravaoarisoa ainsi que le juriste Jean Eric Rakotoarisoa sont nommés sous le quota du chef de l’Etat en attendant les élections dans les différents corps pour désigner les autres membres. Les nombreuses sollicitations de la HCC pour donner un avis sur la nouvelle Constitution auraient précipité les choses. Le débat sur l’article 54 n’est pas fini.
Hery Rajaonarimampianina veut-il imposer un premier ministre issu de sa majorité présidentielle en donnant une autre interprétation des dispositions constitutionnelles ? En tout cas, Jules Etienne essaie de parlementer avec les députés indépendants pour donner une assise solide à la Plate-forme pour la Majorité Présidentielle. Le timing est parfait puisque la session spéciale de l’Assemblée nationale a été close sans avoir permis de mettre en place les immuables groupes parlementaires. Les indépendants du GPS peuvent encore changer de camp. Le but du PMP est d’établir la majorité évoquée dans l’article 54 comme celle qui est formée par les alliances à l’Assemblée et non pas une majorité relative issue des élections législatives.