vendredi , 19 avril 2024
enfrit
Le remplacement des six gouverneurs de province fut à l'ordre du jour du conseil des ministres du camp de Marc Ravalomanana. De son côté, Didier Ratsirakane fléchit point.

Les gouverneurs de province dans l’oeil du cyclone

Secousse tellurique dans les provinces
autonomes de la Grande Ile, Marc Ravalomanana, en conseil des
ministres, le 21 mars, a décidé la destitution des
gouverneurs pour les remplacer par des  » délégations
spéciales.  » Les six présidents de délégation
spéciale pour chaque province autonome ont été
nommés dès jeudi même.  » L’action vise à
ramener la sécurité dans les provinces « , soutient
le porte parole du gouvernement. La délégation spéciale
est composée de 12 membres pour chaque province, dont un
président, 2 vice-présidents et 9 conseillers. Le
député Pety Rakotoniaina est nommé président
de la délégation spéciale de Fianarantsoa (sud).
Militant du parti MFM qui, durant le mouvement populaire, s’est
engagé auprès de Marc Ravalomanana, le député
Pety est l’incontournable artisan de la manifestation de rue dans la
province de Fianarantsoa. Depuis, plusieurs jours, il espérait
renverser le gouverneur de la province, mais il a fallu attendre,
comme il le dit, les directives de Marc Ravalomanana. Pour Mahajanga
(Ouest), le commissaire de police, Pierre Tsiranana, remplacera le
gouverneur local. Fils du président de la première
République de Madagascar, Philibert Tsiranana, le président
de la délégation spéciale de Mahajanga, lui
aussi, était très engagé dans les manifestations
de rue des partisans de Marc Ravalomanana, à Antananarivo
comme dans sa province natale de Mahajanga.





Répressions


Pour la province de Toamasina (Est),
Victor Sikonina du parti fédéraliste, un ancien allié
du camp de l’amiral Ratsiraka, est nommé président de
la délégation spéciale. Il aura à faire
face à un gouverneur qui défend farouchement jusqu’à
ce jour le président sortant Didier Ratsiraka. A Antsiranana
(Nord), c’est le député Jaosoa Pascal qui sera à
la tête de la délégation spéciale. C’est
également un meneur des mouvements de revendication en faveur
de Marc Ravalomanana dans le nord de la Grande Ile. Ses proches, dans
la région de la SAVA, la capitale de la vanille, endurent
aujourd’hui les plus dures répressions perpétrées
par les autorités locales à l’encontre des partisans de
Marc Ravalomanana. Pour Toliara (Sud), c’est un ingénieur
agronome, Thierry Raveloson, qui est nommé à la
présidence de la délégation spéciale.
Candidat malheureux au poste de gouverneur dans la même région,
il a été choisi pour la sympathie que lui accorde une
frange importante de la population de Toliara. C’est un ancien
partisan et défenseur de Didier Ratsiraka, étant le
fils de la belle sœur du président sortant. S’agissant
d’Antananarivo, le général Razakarimanana est nommé
président de la délégation spéciale. Le
gouverneur de la province lui-même s’est quelque peu éclipsé
de la vie politique depuis le début de la crise actuelle. Au
moins trois de ces présidents de délégation
spéciales sont classés parmi les  » faucons  »
du camp de Marc Ravalomanana. Histoire de  » prendre le taureau
par les cornes  » comme le souligne la chaîne MBS,
appartenant au nouveau président. La prise du pouvoir par ces
nouveaux chefs hiérarchiques dans les provinces s’annoncent
très durs, au moins dans deux provinces : celles de Toamasina
et d’Antsiranana où les gouverneurs défendent bec et
ongles la cause de Didier Ratsiraka, moyennant terreur et
répressions. Mais, parallèlement, comme pour faciliter
le travail, le gouvernement de Jacques Sylla, dans le camp de
Ravalomanana, a décidé d’ériger en ministère
le Secrétariat général de la police nationale,
auparavant sous tutelle du ministère de l’Intérieur, en
vue d’actions mieux coordonnées.





 » Terrorisme  »


Décision a été
prise de renverser les six gouverneurs, car dans les provinces, leurs
actions sont désormais classées « actes de
terrorisme  » par le camp Ravalomanana. Ils sont montrés
du doigt à la suite d’arrestations arbitraires, de violations
de domicile et d’entrave à la liberté d’expression. Et,
surtout, ils sont soupçonnés de  » crime contre
l’humanité  » à la suite de la mise en place des
barrages  » antiéconomiques  » sur les routes
nationales, empêchant la circulation des biens et des
personnes. Des barrages qui visent à asphyxier économiquement
Antananarivo. En face des agissements du gouvernement Ravalomanana,
le président sortant fait de la résistance. Didier
Ratsiraka a également réuni les membres de son
gouvernement le même jour. Il a tenu à rappeler que son
pouvoir est le seul pouvoir légal. Son gouvernement a, en
outre, fixé au 28 avril prochain le second tour de la
présidentielle. Une élection reporté pour la
deuxième fois pour cas de force majeure. Et il sera, si
l’échéance est respectée, le seul candidat en
lice. Visiblement, Marc Ravalomanana, son challenger, n’y pense plus
du tout.