mercredi , 24 avril 2024
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Malgré un bilan économique et une croissance plus que morose sur l’année écoulée, Andry Rajoelina met en avant ses réalisations spectaculaires et en éclair dans le cadre de sa pré-campagne en vue de l’élection présidentielle. Ces quelques arbres qui cachent la forêt de misère ont été financés par un fonds dont le premier ministre Berizky lui-même ignore la provenance. Pour la première fois, un président qui plus est non élu peut disposer comme il veut de l’argent de l’Etat et contrôle toutes dépenses importantes. Les quelques investissements publics ont été destinés à des fins de propagande plutôt que de servir un programme.

Les réalisations 2012 du président « candidat dans sa tête »

On l’a presque oublié, mais Andry Rajoelina a construit des routes en 2012. Le tronçon de la RN35 reliant Mahabo et Morondava a été inauguré en avril. Les 43 km bitumés ne sont rien si le projet n’a été co-financé par des bailleurs de fonds comme le FAD ou l’OPEP. Ce retour présumé de la confiance des bailleurs de fonds a été confirmé par les travaux de réhabilitation de la plaine et du barrage hydroagricole du Bas Mangoky. Le projet a été prévu depuis plusieurs années avec la Banque mondiale comme bailleur de fonds.

Pour le développement régional, le chef de la transition a ciblé Itasy avec la construction d’infrastructures publiques, notamment la réhabilitation de la RN43 reliant Soavinandriana et Faratsiho. Cette région productrice en culture vivrière sera dotée d’une usine pour y développer une industrie agro-alimentaire. Anstirabe, le fief d’un certain Marc Ravalomanana aura de la concurrence. Néanmoins, la ville d’eau bénéficiera d’une université, a promis le futur candidat indécis à l’élection présidentielle. 
 
Toamasina sera aussi l’un des bénéficiaires de la campagne préélectorale de la HAT qui fait les yeux doux aux habitants du fief de Roland Ratsiraka, un adversaire déclaré à la présidentielle. Le boulevard longeant le bord de mer et les deux marchés Bazar Be et Bazar Kely seront réhabilités. La RN 5 complètement détruite par les camions chargés de « sables noirs » de Mainland sera rebitumée par cette dernière. Les puissants camions benne transportent aussi des bois de rose sur cette route.

Des réalisations à but électoral

Le mini-programme personnel du chef de la Transition a été tracé lors d’un show politique digne de Andry TGV. L’origine et l’utilisation des fonds sont opaques à tel point que le premier ministre de consensus n’est pas mis au courant. Les 100 millions de dollars soutirés à une société minière et récemment les 24 millions de dollars récoltés lors de la braderie de la présidence pour vendre un avion présidentiel seraient destinés à ces investissements spectaculaires.

Le premier des 16 hôpitaux aux normes a été inauguré à Antsiranana. Ce centre hospitalier moderne sera accessible par le grand public. Il est équipé de scanner et de station de production d’oxygène qui sont des denrées rares dans le pays.

En 2009, le mouvement TGV s’est appuyé sur les gros bras des bas quartiers pour faire régner parfois l’ordre et d’autre fois la terreur. L’engouement du chef de la transition pour le rugby n’est pas un simple populisme. Il s’agit aussi d’amadouer une population de base qui est la première à entrer en action en cas de manifestation politique, sans oublier l’électorat de ces quartiers très populeux. Le Stade Maki ou le temple de 15 000 places dédié au rugby est néanmoins une juste récompense pour la Fédération malgache de rugby, l’équipe nationale ayant été championne d’Afrique du groupe B.

La fédération de Pétanque habituée des palmarès internationaux sera aussi dotée d’un stade. Andry Rajoelina a annoncé un projet d’Académie nationale des Sports à Antananarivo pour développer le professionnalisme des athlètes malgaches. Toamasina sera doté d’un stade avec piste d’athlétisme et pelouse synthétique.

Un artiste qui aime Antananarivo

« Je suis un artiste comme vous », l’ancien DJ a profité de l’inauguration du Coliseum de Madagascar, sis à Antsonjombe pour faire une déclaration d’amour aux Tananariviens : « je t’aime Antananarivo ». Plus à l’aise derrière les platines qu’au micro, Andry Rajoelina a ravi les 50 000 spectateurs et ses amis artistes non pas par son interprétation catastrophique, on le lui pardonne volontiers, de la chanson « Namana » mais par ce lieu de spectacle enfin digne des artistes. C’est une autre promesse électorale du maire élu d’Antananarivo qui vient d’être réalisée.

La France appuie le programme préélectoral de la transition en finançant à hauteur de 9 millions d’euros le projet Lalankely, visant à réhabiliter les infrastructures dans les quartiers comme les sentiers, les escaliers, les lavoirs… Le retour à l’ordre constitutionnel verrait Andry Rajoelina élu en 2013 en tant que… maire d’Antananarivo. Il veut déjà importer des petits bus de Chine pour remplacer les Taxi-Be de la ville !