mercredi , 24 avril 2024
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A la surprise générale, le maire de la capitale malgache s'est autoproclamé président de la République, alors que les autorités malgaches projetaient d'organiser un second tour du scrutin présidentiel ce 24

Marc Ravalomanana, président autoproclamé

 » Je prends le pouvoir « . Par cette phrase, le candidat Marc Ravalomanana a suscité une euphorie sans précédent sur la place du 13 mai, au centre d’Antananarivo, la capitale, mercredi après-midi. Une simple déclaration suivie de bruyants cris de joie sur le lieu du meeting politique, et de concerts de klaxons dans les rues de la ville, quelques minutes après. Après avoir annoncé que tous les recours possibles ont été épuisés afin de contraindre le pouvoir en place de fléchir sa position, suite aux irrégularités constatées au cours de la présidentielle du 16 décembre, et surtout, après avoir constaté l’échec des efforts de médiation de l’OUA, Ravalomanana a jugé bon de « faire triompher la vérité « , comme ses partisans aiment à le souligner. Les résultats de l’élection du 16 décembre dont dispose le camp de Marc Ravalomanana, pour préparer la réaction de la foule, ont été rappelés sur la place du 13 mai, et ce fut le directeur de campagne de Ravalomanana qui en a fait la lecture. Il s’agit de résultats établis sur la base des procès-verbaux des bureaux de vote où le candidat Marc Ravalomanana avait des délégués, et selon lesquels le maire candidat est élu au premier tour du scrutin, avec 52,15% des voix.



Coup d’Etat ?


Le gouvernement malgache a réagi dès la soirée de mercredi en dénonçant ce « coup d’Etat  » perpétré par le maire d’Antananarivo. Le Premier ministre malgache, Tantely Andrianarivo, estime que les principes de l’Etat de droit et de la démocratie sont bafoués. Pas de réaction officielle, pour l’instant, de la part du président de la République, Didier Ratsiraka. Les personnalités diplomatiques installées à Antananarivo ont, par ailleurs, tenu une réunion d’urgence pour se pencher sur la situation, tandis que les cinq gouverneurs (sur six) des provinces de la Grande Ile ont condamné la déclaration de Ravalomanana, tout en spécifiant qu’ils ne reconnaissent comme président de la République que Didier Ratsiraka. L’OUA, également, affirme regretter la tournure des événements. De l’autre côté, les partisans de Ravalomanana, ne voudraient point se perdre en conjectures. Pas de réponse à la question s’il s’agit d’un coup d’Etat ou d’une triomphe de la « légitimité « populaire clamée depuis plusieurs semaines dans la rue. Un représentant de l’ordre des avocats de Madagascar a estimé que quand la légalité est devenue un vain mot, la légitimité le surclasse. Les partisans du maire de la capitale affirment qu’une « pseudo-légalité  » qui sert à masquer les mensonges et les turpitudes d’une République n’a plus aucun sens.

Investiture


Ne voulant pas minimiser son « entrée en fonction « , Marc Ravalomanana a prévu tout un cérémonial au stade de Mahamasina. Il sera « officiellement  » investi président de la République ce 22 février sur cette place historique où le président Philibert Tsiranana, premier président de la République malgache, a annoncé l’Indépendance de la Grande Ile le 26 juin 1960. Aujourd’hui encore, la foule était au rendez-vous sur la place du 13 mai et ses environs. Les préparatifs vont bon train pour la cérémonie d’investiture de ce vendredi. Et la sécurité semble être une priorité des partisans de Ravalomanana. Surtout que ses gardes rapprochées ont été « rappelées aux casernes « , comme pour l’intimider et pour le rendre vulnérable face à d’éventuels agresseurs. Un groupe de jeunes s’occupe désormais de sa sécurité, sous la supervision d’un contrôleur général retraité de la police, et ancien ministre, Amady Augustin, fier de sa formation de commando et de tireur d’élite en Israël et aux Etats-Unis. Un lendemain politique mystérieux, donc, pour Madagascar. Pour Ravalomanana, par ailleurs, ça passe ou ça casse.