vendredi , 19 avril 2024
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Devant l’Assemblée générale de l’ONU, Andry Rajoelina a soigné son image en dressant un portrait idyllique du désastre social, politique, économique et démocratique dans lequel Madagascar est plongé depuis le coup d’Etat militaro-civil de 2009. Il a surtout défié les Etats-Unis et Barack Obama qui ne veulent pas une candidature aux élections de toutes les personnes ayant bénéficié dudit coup d’Etat. Les opposants s’engouffrent dans cette brèche pour mettre la pression à une semaine de la réunion de la Troïka de la SADC.

ONU : un nouveau dictateur qui ne veut pas de l’ingérence américaine !

A New York, le président de la HAT a dénoncé la différence de traitement dans les résolutions de crise et a parlé de souveraineté nationale comme n’importe quel autre dictateur de la planète qui veut faire ce qu’il veut dans son pays. Le message a été plus que clair : ce n’est pas le président Barack Obama ni la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton qui décident qui peut être candidat à l’élection présidentielle à Madagascar mais bien le seul maître du pays.

« Au nom des valeurs et des principes universels, toute personne remplissant les conditions d’éligibilité dictées par la loi a le droit d’exercer pleinement cette liberté. C’est un principe fondamental et tout Etat se doit de le respecter », même les Etats-Unis ! Andry Rajoelina a carrément sorti ses griffes : « Seul le Peuple malgache décidera souverainement qui devra conduire son destin, et non l’influence d’un pays et des pressions extérieures. Seul le Peuple malgache choisira celui ou celle qui dirigera Madagascar ».

« Les notions de non-ingérence et le respect de la souveraineté » permettrait-ils la construction d’une paix durable à Madagascar. Andry Rajoelina demande à l’ONU de faire des efforts pour faire cesser les inégalités de traitement des pays en crise politique. « Il faut prendre connaissance de la réalité sur le terrain et de l’aspiration populaire, pour ne pas se tromper sur la décision à prendre ». Justement, les Etats-Unis sont conscients de la réalité et ne se laissent pas berner.

« Le Peuple malgache a besoin de son indépendance pleine et entière pour parvenir à des élections transparentes, donc démocratiques », plaide le président de la HAT qui tente d’effacer le scepticisme qui pèse sur sa capacité à devenir un champion de la démocratie. Il se permet de donner la solution : « La meilleure façon de nous aider consisterait : à nous faire confiance, à respecter vos engagements et à nous laisser assumer nos responsabilités ». Le chef de la transition interminable a pris conscience que la communauté internationale ne lui fait pas confiance et ne veut pas tenir ses engagements sans garantie.

Les opposants à la HAT se sont moqués des affabulations prononcées par Andry Rajoelina devant l’ONU mais ont surtout été exacerbés par la tentative de celui-ci de défendre son intérêt politique et personnel. En somme, Andry Rajoelina veut être candidat, car le principe des droits le permettrait tandis qu’il veut empêcher le président Marc Ravalomanana de se présenter aux élections, car « nul ne devrait être au dessus de la loi, et il faut bannir la culture de l’impunité ». Il n’y a pas plus grande impunité qu’un putschiste au pouvoir.

En tout cas, Mamy Rakotoarivelo de la mouvance Ravalomanana a répliqué aux arguments juridiques de Rajoelina devant l’ONU. « Les lois internationales sont au-dessus des lois à Madagascar, a-t-il répondu. L’Accord de Cotonou stipule que les putschistes ne doivent pas être candidats aux élections, la Charte africaine sur les droits de l’homme et la démocratie le confirme ». Il a salué la sagesse des Etats-Unis et le retour à la raison de la France, mais s’inquiète des positions douteuses de certains pays qui poussent derrière Andry Rajoelina.

Pour Mamy Rakotoarivelo, « c’est le peuple qui doit dire qui il aime » et non pas le chef de la transition. Il accuse Andry Rajoelina d’avoir bloqué la feuille de route en empêchant Marc Ravalomanana de revenir au pays, un retour qui aurait dû se faire dès le 18 septembre 2011. Le président du Congrès de la Transition a mobilisé les militants pour apporter les 10% de ce qu’il faut faire à ce que le président en exil foule le sol malgache avant le 18 octobre. C’est la réunion de la Troïka de la SADC les 7 et 8 octobre 2012 qui en décidera.