mercredi , 24 avril 2024
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Le président Hery Rajaonarimampianina met à l’épreuve la patience de ceux qui ne s’allient pas à la majorité qu’il veut instaurer pour gouverner le pays. La nomination du premier ministre n’est pas encore à l’ordre du jour faute de compromis. Le débat sur les dispositions constitutionnelles est loin d’être terminé. L’enjeu est de déposséder le Mapar du pouvoir qu’il s’est attribué pour maitriser l’Assemblée nationale et imposer un homme de la mouvance Rajoelina au poste de chef du gouvernement.

PMP ou MAPAR, à qui profite l’attente ?

Dans la vie politique malgache, il est de coutume que la situation évolue ou des grandes décisions sont prises alors que le président de la République est en déplacement à l’étranger. Quand Hery Rajaonarimampianina s’envole pour les Etats-Unis pour rencontrer le Secrétaire général des Nations-Unis et les dirigeants des institutions de Bretton Woods, on s’attend à un rebondissement. L’ancien ministre des Finances est parti serein puisque le FMI a déjà relancé officiellement son appui au bénéfice de Madagascar.

Le président malgache se lance donc dans les négociations avec les bailleurs de fonds sans avoir rempli un critère majeur, celui d’avoir mis en place un gouvernement démocratique qui inspire la stabilité et l’apaisement. Ce qui expliquerait l’attente de voir la situation politique tourner en sa faveur avant de nommer un premier ministre.

Les Etats-Unis verraient-ils une volonté politique dans le fait de ne pas avoir nommé un chef du gouvernement qui n’aurait pas répondu à leurs exigences démocratiques. Hery Rajaonarimampianina espère obtenir la levée de la sanction qui prive Madagascar des avantages de l’AGOA.

Techniquement, il n’y a pas de vacances de pouvoir ni vide institutionnel. Le président a réaffirmé son entière confiance envers le chef du gouvernement d’union de la transition. C’est Omer Beriziky qui tient les rennes du pouvoir durant son absence. Les ministres pro-Rajoelina ne font plus la loi.

L’information du jour lors de la prestation de serment des trois nouveaux membres de la Haute Cour Constitutionnelle nommés par le président de la République a été l’absence de la présidente de l’Assemblée nationale. La présidence mise sur l’aboutissement de la démarche de la Plate-forme pour la majorité présidentielle (PMP) visant à déclarer l’inconstitutionnalité de l’élection du bureau permanent.

Christine Razanamahasoa a vivement réagi suite à sa non-invitation par la HCC alors que tous les chefs d’institutions de la transition et qui sont toujours en place étaient présents à Ambohidahy aux côtés du président élu. Ce n’était pas un boycott de sa part. L’ancienne ministre de la Justice de Andry Rajoelina accuse la HCC de ne pas reconnaître le président de l’Assemblée nationale. Elle remet en cause l’impartialité de cette institution dans ses futures décisions.

Quelle est cette décision tant crainte par le MAPAR ? La plate-forme politique de Rajoelina soupçonne certaines personnes dans le premier cercle du pouvoir de vouloir la mettre à l’écart. Une éventuelle interprétation de l’article 54 de la Constitution qui permettrait au président de ne pas nommer Haja Resampa comme premier ministre.

Le MAPAR ne veut pas négocier et affirme détenir la majorité avec le Groupe Parlementaire Spéciale. Les ennuis de certains parlementaires avec la justice ont-ils des motivations politiques ? Il est clair que la longue attente profite à la PMP qui espère toujours assurer une majorité pour le futur gouvernement dirigé par la personne choisie par le président de la République. Tant que les groupes parlementaires ne sont pas instaurés officiellement à l’Assemblée, le changement de camp est possible. Les députés MAPAR se mobilisent pour la tenue d’une session extraordinaire pour occuper le terrain politique et rendre définitif sa courte majorité. La nouvelle HCC risque de lui compliquer la tâche.