jeudi , 28 mars 2024
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Le président Hery Rajaonarimampianina reste serein après la défaite de sa majorité à l’Assemblée nationale et dans l’attente de la désignation et de la nomination du premier ministre. Il concède que le ou les noms doivent être proposés par le Mapar de Andry Rajoelina qui compte le plus grand nombre de députés, soit 49 sièges sur 151. Le nouvel homme fort du pays affirme que le choix doit être issu d’une négociation et dément toute pression internationale.

Premier ministre et majorité, les épreuves du président

Au lendemain de la victoire de la majorité pro-Rajoelina sur celle que devait être la plate-forme pour la majorité présidentielle lors de l’élection du président de l’Assemblée nationale, le président de la République relativise son premier revers politique. Pour la désignation et la nomination du futur premier ministre, « cela ne change rien, la concertation est incontournable, il n’y a rien d’imposé », a-t-il déclaré.

Une majorité pour rassembler

Si Rajaonarimampianina se montre fair-play et félicite Christine Razanamahasoa pour sa victoire, il se justifie pour sa tentative de contrer le Mapar en réunissant toutes les autres formations politiques présentes à l’Assemblée en dehors du Groupe parlementaire spécial. « C’est une conviction qui m’a poussé à rassembler, dit-il. Pour moi, il n’y a pas de vaincu, s’il y en a un qui avait obtenu 100%, c’est là qu’il y a un souci ». Pour le nouveau président, il y a plusieurs forces politiques qui sont en compétition. Il trouve cette situation positive tant que les parties prenantes se soucient de ce qui est bénéfique pour le pays.

« L’Etat a besoin de stabilité si on veut développer ce pays, cela signifie l’écoute de tous ceux qui peuvent collaborer avec le président… C’est pour cette raison que nous avons mis en place la Plate-forme pour la majorité présidentielle ». Selon Hery Rajaonarimampianina, « Il ne devrait pas y avoir d’exclusion : je suis prêt à travailler avec tout le monde ».

La grande ouverture voulue par le président élu le 20 décembre 2013 risque d’influencer la nomination du premier ministre. Hery Rajaonarimampianina est à la fois en négociation et en guerre froide avec Andry Rajoelina. Le Mapar ne redoute plus de voir le poste de premier ministre lui échapper, il doit encore batailler pour imposer l’ancien chef de la Transition à la tête du gouvernement.

Rapport de force et négociation pour le choix du premier ministre

Le président issu du Hery Vaovao établit timidement son autorité et veut éviter un premier ministre encombrant. « C’est le président qui définit la politique générale de l’Etat et c’est le gouvernement qui l’applique, il faut une personne qui est capable et qui a la volonté de le faire ». C’est clair, le premier ministre sera chargé d’appliquer le programme du président. Ce dernier donne une importance capitale au développement économique et à la réconciliation, des missions dans lesquelles le Mapar avait échoué.

La formation de ce gouvernement d’union de Hery Rajaonarimampianina et non pas d’un gouvernement d’ouverture du Mapar a une équation complexe. Andry Rajoelina est-il le technicien qui relancera la croissance économique, le conciliateur qui va fédérer toutes les forces politiques. Le scénario à la Poutine qui verra l’ancien chef de la Transition rester au pouvoir en tant que premier ministre avant de se faire élire président en 2018 ne rassure pas le HVM, ni la communauté internationale.

Si les partenaires de Madagascar attendent la formation du gouvernement avant de débloquer les aides, Hery Rajaonarimampianina affirme la souveraineté du pays dans la désignation du premier ministre. « Je n’ai eu jusqu’ici aucune pression », dit-il. Il aura fort à faire pour la négociation puisque le Mapar ne jure que par Andry Rajoelina.

S’il y avait trois noms à donner, ce serait « Andry Rajoelina, Andry Nirina Rajoelina et Rajoelina Andry », avait laissé entendre le porte-parole du Mapar sur une chaine privée. La mouvance Ravalomanana n’exclut pas d’intégrer le gouvernement dirigé par un premier ministre issu du Mapar « à condition que la personnalité choisie soit ouverte à la collaboration et n’applique pas une dictature de parti ». Autrement, elle préfère rester en dehors. Elle sera alors dans une opposition contre le gouvernement, mais en alliance avec le président.