mardi , 23 avril 2024
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Le président de la République a gagné une bataille en dissuadant l’ancien président de la Transition de ne pas briguer le poste de premier ministre. Ce dernier envoie son clone, son homme de confiance qui pourrait être sa marionnette politique. Pour contrer la proposition unique du nom de Haja Resampa, la Plate-forme pour la Majorité présidentielle a aussi proposé un nom tenu secret, mais qui pourrait être Jules Etienne. La HCC refuse d’arbitrer et ne donne que des avis qui n’ont pas de force exécutoire.

Premier ministre Mapar : la contre-proposition de la « majorité présidentielle »

Ça y est, la crise politique, post-électorale, est lancée. Après les virulentes attaques menées de front par Andry Rajoelina qui lui reproche de ne pas être rentré dans le rang du Mapar et de fonder une majorité présidentielle, Hery Rajaonarimampianina n’a pas réagi. Il reste au-dessus de la mêlée. C’est en effet les députés favorables au président élu qui ont répondu. « Nous avons proposé un nom pour le poste de premier ministre, nous avons récolté 95 signatures de députés », a déclaré sommairement le parlementaire Jean Jacques Rabenirina.

Coup de théâtre ou simple rebondissement ? Il était prévisible que ses alliés réunis dans une grande coalition allaient donner une autre option au président de la République que celle de l’homme de Rajoelina. Haja André Resampa n’est pas un « premier ministrable » comme l’a été son mentor qui a dû y renoncer. La faute à son ancienne fonction de SG de la Présidence de la Transition qui le disqualifierait aux yeux de la communauté internationale. Les observateurs soupçonnent le Mapar de vouloir mettre le président dans l’embarras.

André Resampa et personne d’autre. Le choix est plus que limité. Affirmant sa bonne foi et expliquant sa logique, le Mapar loue la compétence et l’expérience de son candidat. Haja Resampa a un CV beaucoup plus brillant que Rajoelina. Agé de 43 ans, il est diplômé en Science politique et Management social, en droit public et en administration. Il a fait sa carrière en France en tant qu’enseignant chercheur. Le Mapar prétend que M. Resampa serait le premier ministre parfait pour le président Rajaonarimampianina puisque les deux personnalités se connaissent bien et ont déjà travaillé ensemble durant la transition.

Andry Rajoelina avait raison quand il a soulevé un paradoxe : le Mapar est bien dans l’opposition malgré lui. Il avait surement sous-estimé Hery Rajaonarimampianina s’il pensait le contrôler avec un tiers des députés et par une dette morale ou un pacte d’amitié noué durant la campagne électorale. Il n’y avait pas que le Mapar qui a fait élire le candidat proposé par Kolo Roger et Jules Etienne.

Au final, la majorité au parlement risque d’être variable et conjoncturelle. Déjà, elle est contestée. Ironie du sort, c’est la mouvance Rajoelina qui s’accroche à un article de la Constitution, qui avait d’ailleurs été conçue pour elle, pour avoir la mainmise sur le gouvernement. Seulement la donne a changé. Rajoelina propose, Rajaonarimampianina dispose. Le président n’est même pas obligé de suivre l’avis de la HCC ni d’accepter les yeux fermés la proposition unique du Mapar.

Alors qu’il était chef de la Transition, Andry Rajoelina avait fait valoir cette prérogative du président de la République de ne pas suivre les propositions des partis. Il avait ainsi refusé le remplacement de la ministre Rufine Tsiranana par Guy Rivo Randrianarisoa de la mouvance Ravalomanana, évoquant la remise en cause de l’équilibre régional et du genre. Il a aussi tout fait pour ne pas appliquer l’article 20 de la feuille de route.

Le Mapar se mure dans le juridisme pour éviter une négociation avec un président qu’il ne contrôle pas du tout et qu’il a qualifié de traitre en s’ouvrant aux autres forces politiques. Jules Etienne ou Haja Resampa, le débat sur la nomination est vain puisque les députés peuvent voter une motion de censure ou recaler le premier ministre par un vote de confiance. Les deux majorités seront fixées sur leur réel poids… du moment.