vendredi , 19 avril 2024
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Sénat : une victoire du moment pour le HVM
Les HVM boys paradent à Iavoloha

Sénat : une victoire du moment pour le HVM

Après une victoire écrasante mais embarrassante aux sénatoriales, le HVM devient avec un peu plus de légitimé le parti du pouvoir. Jadis cantonné à un statut de parti présidentiel sans majorité, la formation dirigée par Rivo Rakotovao peut targuer d’être majoritaire au sénat et dans les… mairies. Le chef de l’Etat, lui, jubile et évoque une stabilité institutionnalisée qui lui a pourtant pris deux ans de son mandat. L’année 2006 sera l’an 1, après les années 0 et 0.2. Le vrai gouvernement chargé de réaliser le programme présidentiel est attendu pour bientôt.

Le seul fait d’armes que l’on peut attribuer au premier ministre Jean Ravelonarivo et son gouvernement, c’est d’avoir fait gagner les élections communales et sénatoriales au parti HVM. L’implication de l’administration a été décisive que ce soit au niveau des collectivités, dont les chefs de districts et les chefs de région, qu’au niveau des ministres eux-mêmes. La pratique de la réunion rémunérée a été un classique de cette campagne électorale d’une élection qui était pourtant gagnée d’avance grâce à un système permettant de faire pression sur les grands électeurs.

L’anonymat du vote a été pratiquement enlevé par la décision entachée ouvertement de calcul politique du ministère de l’Intérieur. « Avec une urne pour chaque commune, on saurait si on n’a pas voté HVM, cela aurait eu des conséquences sur notre commune, donc on s’est plié à la règle du pouvoir au détriment de notre parti, à contrecœur », confie un grand électeur TIM. Il explique que le chef de district a pris un ascendant important sur les maires et les conseilleurs communaux depuis que l’Etat a annoncé la subvention de 200 millions d’ariary par district. Auparavant, chaque commune était certaine d’avoir 9 millions d’ariary. Aujourd’hui, elle peut en obtenir plus, moins ou presque rien du tout.

 » Ce n’est pas une victoire définitive »

Le HVM a-t-il pris conscience qu’avoir fait élire 36 sénateurs sur 42 a enlevé une part de crédibilité à l’élection et sans doute de la légitimé au futur sénat. Pour réparer cette outrageuse victoire, le parti présidentiel lance une opération ouverture pour les 21 sénateurs désignés. « C’est de la prérogative du chef de l’Etat, il peut décider ce qu’il pense être bien pour le pays », relativise le baron du HVM, Paul Rabary. Le ministre de l’Education nationale veut rester dans la lucidité : « l’important n’est pas la victoire politique, car ce n’est pas une victoire définitive, ce n’est qu’un rapport de force d’un instant donné… Quand regarde loin, on ne s’exalte pas de la victoire du moment ».

Mathématiquement, les sénateurs désignés pourront tous être issus d’autres formations politiques, voire de l’opposition. « Je n’en vois pas l’utilité de cette chambre haute, cela ne fera que multiplier par deux la corruption et les dépenses de l’Etat au niveau du parlement », spécule un observateur qui essayait de deviner les futurs sénateurs lors du banquet d’Iavoloha. « Au moins, le HVM sera sûr de s’imposer même si cela va compromettre le débat démocratique qui est la raison d’être d’une deuxième chambre, continue-t-il. Ces sénateurs élus ne sont pas légitimes car ils ne représentent qu’une partie des collectivités décentralisées ». Pour ce candidat au Sénat dans le quota présidentiel estime que « cela a été une erreur d’avoir organisé cette élection avant d’avoir élu les représentants des régions et des provinces ». Comme d’habitude, la Haute Cour Constitutionnelle n’y voit aucune violation de la Constitution.

A. Herizo