vendredi , 19 avril 2024
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Septembre 2011- septembre 2012, cela fait un an que le président de la transition a promis aux malgaches son engagement à sortir Madagascar de la crise dans laquelle il l’a plongé depuis le changement anticonstitutionnel de gouvernement en 2009. La feuille de route a été une lettre morte pour la HAT et les élections de 2013 qui devraient légitimer pour la forme un pouvoir mal acquis perdent déjà de la crédibilité.

Un an de déroute pour la transition pseudo consensuelle

Le 17 septembre 2011, l’espoir était permis lorsque la feuille de route a été signée par les entités politiques dont les deux mouvances protagonistes de la crise. « Cette Feuille de route qui a bénéficié de l’adhésion de la majorité, constitue la seule et unique voie que nous devons suivre pour la tenue d’élections libres, transparentes, acceptées par tous et reconnues par la Communauté internationale », avait déclaré Andry Rajoelina au lendemain de la cérémonie de signature. « Actuellement, étant donné que les obstacles ont été surmontés, nous pouvons, désormais, avancer sereinement ». Depuis, rien n’a avancé et la sérénité a définitivement quitté le territoire malgache.

Andry Rajoelina a mis dans son calcul pour légitimer son pouvoir dans sa république virtuelle, celle dont il s’est approprié par référendum, la mise en place de toutes les institutions dans un climat de calme et de sérénité. Il a accepté et avalisé l’accord dans ce but, au nom de l’intérêt supérieur de la nation TGV. Le chef de la HAT a fait des articles 16 et 20 de la feuille de route des obstacles à l’application de ce qu’il a qualifié de voie tracée pour la sortie de crise.

Le retour au pays sans condition des exilés politiques dont le président évincé en 2009, Marc Ravalomanana, a été rendu impossible par la HAT, quitte à violer la feuille de route. Les institutions de la transition ont perdu toute légitimité et crédibilité à cause d’une loi de la majorité virtuelle imposée par la mouvance Rajoelina pour éviter le consensus alors qu’il n’y a pas d’élus dans le parlement. Le boycott de la mouvance Ravalomanana durant des mois ont rendu fragile et illégitime le noyeau du pouvoir transitoire. La résistance passive du premier ministre Beriziky a fait que tout marchait au ralenti dans le pays des mora mora au point d’agacer les TGV de plus en plus impatients de valider leur pouvoir par les urnes.

En 2011, Andry Rajoelina reconnaissait qu’il a mené les malgache dans un «  long chemin de calvaire » mais n’a pas perdu espoir. « Je ressens vos craintes, néanmoins, soyez confiants car je ne vous entrainerai jamais sur une voie sinueuse et sans lendemain », promettait-il. Il a alors fait de la feuille de route une voie directe mais sans issue.

Au final, le chef de la HAT et ses amis ont profité de tout un mandat sans être élus et surtout après avoir perpétré un coup d’Etat. Ils comptent sur l’armée pour repousser les solutions politiques proposées par les médiateurs internationaux et certaines grandes puissances. « Je remercie particulièrement les Forces armées ainsi que les responsables de l’Ordre et de la sécurité publique qui ont su démontrer que Madagascar est un pays souverain », disait-il, jouissant du monopole de la force et de la capacité de répression d’un régime populiste, mais irréversiblement antidémocratique.

Andry Rajoelina avait accusé les médiateurs de faire des « manœuvres dilatoires qui ont eu de très lourdes conséquences sur le plan économique et social » et qu’il était « parfaitement conscient des difficultés quotidiennes endurées, aussi bien par les opérateurs économiques que par les simples citoyens ». « Il y a des limites à la patience et à la tolérance, la Nation malagasy ayant, par ailleurs, sa Souveraineté ». Si c’était le cas, la HAT ne serait plus. Une transition qui va sur ses 4 ans et qui est devenue un mandat à durée indéterminée pour Andry Rajoelina, voilà qui montre que la patience des malagasy n’a pas de limite, sans dénigrer la force de persuasion et la force de répression du régime.