mardi , 23 avril 2024
enfrit
Le cycle de négociations entamé ces derniers jours pour résoudre la crise politique actuelle s'est finalement terminé en queue de poisson, mais les négociations pourraient reprendre bientôt pour aboutir à un

Un bien moindre accord tiré au forceps

Demi-échec pour les négociations sous l’égide de l’OUA afin de résoudre la crise politique à Madagascar. Les deux parties ne sont pas parvenues à une convention ce mardi, alors que les négociations devaient initialement prendre fin dimanche. Contrairement à l’attente de la majorité, les partisans de Marc Ravalomanana et ceux de Didier Ratsiraka qui se sont réunis durant six jours, au sein d’une commission paritaire sous la direction du Secrétaire général adjoint de l’OUA, Saïd Djinnit, ne sont pas parvenus à un accord définitif pour résoudre la crise. Et la situation est de nouveau bloquée. Le Secrétaire général adjoint de l’OUA a, malgré tout, promis que le processus de négociation sera poursuivi, et qu’un « second round  » devra être entamé prochainement. Mais il faudra l’accord des deux principaux intéressés, Marc Ravalomanana et Didier Ratsiraka. La comparaison contradictoire des procès-verbaux, objet de la revendication des partisans de Marc Ravalomanana qui continuent de manifester dans les rues, reste la véritable pomme de discorde. Les deux parties se sont par ailleurs mis d’accord sur la nécessité d’un report du second tour de la présidentielle programmé initialement ce 24 février et sur d’éventuelle nomination de nouveaux membres du Conseil national électoral.



Ambiguïté



Le camp de Marc Ravalomanana se trouve malgré tout à l’instant dans une situation difficile qui le contraint à adopter une position ambiguë. Le comité de soutien de Marc Ravalomanana a fermement l’intention d’en finir avec la légalité et envisage de mettre sur pied un gouvernement insurrectionnel. Tandis que Ravalomanana lui-même, selon des sources concordantes, aurait l’intention d’aller au second tour, si la sincérité du vote est garantie. La lettre de demande de report du second tour de l’élection qu’il a adressée à la Haute Cour Constitutionnelle malgache dénote cette volonté du maire candidat de poursuivre le processus électoral, contrairement aux propos des membres de son comité de soutien qui excluent a priori la participation à un second tour. Marc Ravalomanana a, à maintes fois, précisé qu’il faudra prendre le pouvoir selon « les normes requises « . Laissant entendre qu’il est pour le moment hors de question de sortir de la voie légale pour résoudre la crise.



Dialogue



Les deux parties semblent admettre, en tout cas, pour l’instant que le fil du dialogue n’est pas totalement rompu. Et qu’une convention pourrait être obtenue à l’arraché. Le Secrétaire général adjoint de l’OUA quitte la Grande Ile mais une autre personnalité poursuivra les travaux de médiation. La situation de blocage actuelle interpelle les deux parties qui, selon de nombreux observateurs, sont condamnés à s’entendre. Car de part et d’autre, d’une façon officielle, on estime que la violence n’est pas souhaitable. Une volonté, malgré tout, contredite sur le terrain : les partisans de Marc Ravalomanana se radicalisent et appellent à l’instauration d’un gouvernement insurrectionnel, tandis qu’une frange des partisans du président Didier Ratsiraka n’hésitent plus à brandir les armes. Actuellement, la grève générale se poursuit à Antananarivo et dans certaines grandes villes du pays, et les partisans de Didier Ratsiraka bloquent toujours les routes nationales reliant Antananarivo aux principales villes portuaires de Madagascar afin de couper l’approvisionnement de la capitale en carburant, alors que la pénurie commence à se faire sentir dans les grandes agglomérations. Les analystes politiques en sont désormais conscients : une vraie solution s’impose.