jeudi , 25 avril 2024
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Les premiers pas de Hery Rajaonarimampianina en tant que président de la République avaient toujours un goût de transition. Le locataire d’Iavoloha doit encore marquer son territoire. Certains ont la chance des débutants, lui en fait une erreur qui pourrait être pardonnée, mais rarement oubliée. Les premières sorties médiatiques n’ont pas encore donné une image d’un président fort promis lors de la campagne électorale.

Un déficit d’image à combler pour le nouveau président

Une investiture mitigée

Ce devait être le grand jour pour le nouveau président élu. La cérémonie d’investiture a été un baromètre de sa popularité à Antananarivo. Malheureusement pour lui, les gens ne retenaient que les gradins clairsemés du stade de Mahamasina. Une première pour l’investiture d’un président de la République. Par contre, dans les tribunes, on se bousculait presque faute de place et à cause d’une défaillance du service protocolaire. Hery Rajaonarimampianina a redressé la barre par son discours-programme dans lequel il annonça sa volonté d’apaisement et d’ouverture.

Coup de théâtre, la version française comportait de nombreuses phrases volées à Nicolas Sarkozy. C’était surtout des parties où le président partageait ses émotions. Le coupable serait un ami français qui a rédigé le discours dont les grandes lignes ont été esquissées par Hery Rajaonarimampianina lui-même. Le mal est fait. Circonstance aggravante, Andry Rajoelina avait commis le même forfait en 2009 en plagiant le discours d’un ministre luxembourgeois. La leçon n’a pas été retenue.

Un attentat meurtrier

Dans la soirée du 25 janvier, le jour de fête tourne au drame. Un attentat à la grenade fait un mort et une cinquantaine de blessés dont une douzaine sont graves. Un petit garçon de 2 ans perd la vie sur le coup, son grand frère ne sera pas sauvé et succombe quelques jours plus tard. « Je conteste de toutes mes forces ce qui apparaît comme un acte terroriste », a déclaré le chef de l’Etat.

Le mobile serait évidement politique, mais lequel ? L’ouverture du président Hery Rajaonarimampianina aux anciens opposants de la transition qui acceptent finalement son élection inquiète. La présence de Jean Louis Robinson au stade de Mahamasina était un signe politique fort. L’attentat serait une tentative d’instaurer une image de conflit entre les deux adversaires du second tour.

On lui vole la vedette dans les médias

Au lendemain de l’investiture du président élu, la télévision nationale pleure encore le départ du chef de la transition. La cérémonie théâtrale qui a mis en scène une famille présidentielle formidable, des fans partisans émus aux larmes, un long discours de remerciement… la rediffusion a éclipsé le jour de gloire de Hery Rajaonarimampianina.

Lors de la passation de service, le président a eu le malheur d’avoir une chorale d’artistes interpréter juste derrière lui une chanson dédiée à Andry Rajoelina. Pire, il s’est vu remettre une clé, aussi énorme soit-elle, qui symboliserait le pouvoir. C’est un crime de lèse-majesté. Le président n’est pas un maire, sauf durant la transition où le maire devient président.

L’équipe de Hery Rajaonarimampianina veut-elle un traitement journalistique normal par la TVM. La première descente sur le terrain du président a été couverte par de simples reportages qui tranchent avec les longs sujets sur Andry Rajoelina ou un discours intégral à l’inauguration de l’Hôpital d’Andohatapenaka. Pis, c’est la présence du chef de la mouvance Ravalomanana à Tuléar qui a attiré l’attention. Quand le président visite une infrastructure agricole, il est normal que le ministre de l’Agriculture soit présent.