vendredi , 29 mars 2024
enfrit
Marc Ravalomanana a nommé Jaques Sylla, ce mardi, Premierministre, tandis que sur le terrain la flambée de violencesemble inévitable en attendant que l'un des deux camps s'avouevaincu.

Un Premier ministre pour Ravalomanana

«La légitimité est au-dessus de la légalité
», c’est en ces termes que Jacques Sylla, un avocat de métier,
a répondu à une question d’un journaliste sur les
problèmes que pourrait entraîner l’existence de deu
Xgouvernements dans la Grande Ile. Car, conformément à
la Constitution malgache, et après son investiture le 22
février, Marc Ravalomanana a nommé Premier ministre cet
ancien ministre des affaires étrangères originaire de
l’île Sainte Marie située dans la province de Toamasina,
le présumé fief politique du président sortant,
Didier Ratsiraka. Si Ravalomanana a jeté son dévolu sur
cette personnalité plutôt discrète au cours des
dernières années, c’est en raison de sa «personnalité»
et de ses «compétences», selon les propos du
nouveau président lui-même. Jacques Sylla fut en effet
l’un des avocats du camp de Marc Ravalomanana quand ce dernier a
introduit auprès de la Haute Cour Constitutionnelle, dans le
cadre de la présidentielle du 16 décembre, une requête
aux fins de disqualification du président Ratsiraka et une
autre pour réclamer la comparaison des procès-verbaux
des bureaux de vote.  Le Premier ministre Bis, comme certains
observateurs le qualifient désormais, a sitôt annoncé
que son gouvernement sera un gouvernement ouvert, et que les membres
du parti de Didier Ratsiraka pourrait même en faire partie
s’ils le désirent.


Embarras


De l’autre côté, le gouvernement de Didier Ratsiraka
se trouve, incontestablement, dans une situation très
embarrassante. Le Premier ministre Tantely Andrianarivo lui-même
a dû traverser à pied des rizières pour pouvoir
sortir de chez lui. Son domicile, situé dans le quartier
résidentiel d’Ivandry, est «assiégé»
par les partisans de Marc Ravalomanana. Des barrages ont été
érigés par ces derniers à tous les accès
qui mènent au domicile du Premier ministre malgache,
l’empêchant de circuler librement. Tandis que les autres
membres du gouvernement sont actuellement introuvables. Le président
de la République Didier Ratsiraka lui-même semble ne pas
vouloir sortir de son silence, alors qu’en face de lui un nouveau
président et un autre gouvernement sont sur le point de le
contraindre à plier bagages. Un conseil des ministres a eu
lieu mardi mais aucun communiqué officiel n’a été
publié à l’issue de la réunion.


Affrontement


Sur le terrain, la tension est montée d’un cran. Un
affrontement entre partisans de Didier Ratsiraka et sympathisants de
Marc Ravalomanana a été inévitable ce mercredi.
Les partisans de Ravalomanana ayant joué le rôle des
policiers en voulant disperser un meeting du camp de Didier Ratsiraka
dans le centre d’Antananarivo. La foule a mis le feu au matériel
de sonorisation après que les sympathisants du président
Ratsiraka avaient pris la fuite. Ce mercredi également, les
locaux de la station  RTV de Didier Ratsiraka à
Antananarivo ont été incendiés par un groupe de
jeunes. Et les deu Xcamps se rejettent la responsabilité de
cet acte. L’armée, quant à elle, a déjà
confirmé sa neutralité, et reste visiblement débordée
par les événements. En attendant, donc, la mise sur
pied d’un Etat capable de garantir l’ordre public, la Grande Ile vit
au rythme du tempérament intempestif des partisans des deux
présidents malgaches. C’est à dire, en quelque sorte,
dans le chaos.