jeudi , 25 avril 2024
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Une réconciliation nationale au point mort
Des rencontres consultatives mais pas de véritables actes de réconciliation (Ph. Prm)

Une réconciliation nationale au point mort

Un FFKM qui manque de moyen et qui commence à perdre sa sacrosainte cohésion, des anciens présidents qui quittent le navire, le bateau de la réconciliation est en pleine dérive et il ne tardera pas à échouer. Qui veut-on réellement réconcilier avec qui et dans quel but, cette question essentielle n’a pas toujours trouvé réponse.

Il fallait commencer par le sommet à 5 pour lancer le processus de réconciliation nationale. Le problème est que les rencontres entre l’actuel et les anciens chefs de l’Etat n’ont pas permis de franchir un palier et ne laisse pas transparaitre une réelle volonté de se réconcilier. Il est difficile d’atteindre un objectif quand ce dernier n’est même pas défini de manière claire et non philosophique. Certes, l’apaisement et la stabilité politique sont des fins incontournables, mais la réconciliation n’est-elle pas vouée à bâtir une nouvelle relation entre deux ou plusieurs entités en conflit.

Tout le monde est en conflit avec tout le monde

L’apparente bonne entente entre l’actuel et les anciens chefs d’Etat a un temps laissé penser que la question est réglée. Apparemment, Andry Rajoelina n’est pas officiellement réconcilié avec Marc Ravalomanana, ni ce dernier avec Didier Ratsiraka. L’actuel président se voulait être au-dessus de la mêlée et le voilà en conflit avec son ancien mentor Andry Rajoelina qui devient le chef officieux de l’opposition. Hery Rajaonarimampianina ne sait pas comment gérer le cas Marc Ravalomanana, est-ce qu’il faut en faire un allier ou le considérer comme un adversaire politique. L’ambition politique retrouvée du parti Tiko i Madagasikara a contraint le régime HVM à casser l’entente.

L’ancien président Albert Zafy n’a pas d’ennemis, mais il n’a pas non plus d’amis. Son but est toujours d’être le leader de la réconciliation et non pas un simple figurant parmi les chefs de mouvance à réconcilier. Son départ du processus n’est pas sans conséquence puisque la présence d’une entité qui n’était pas en conflit direct était nécessaire. Le FFKM a voulu démocratiser la réconciliation sans avoir pu obtenir un résultat au plus haut niveau. Malheureusement, la crise humanitaire suite aux intempéries et le manque de financement ont freiné les chefs d’églises dans leur élan. Le processus de réconciliation pourrait ne pas concerner toutes les régions.

Décentraliser la réconciliation

Est-ce que les régions sont-elles toujours intéressées par la réconciliation conduite par le FFKM. Il ne s’agit pas seulement de politique, car c’est la société malgache entière qui cherche à se reconstruire. Les associations représentant une ethnie et autres chefs traditionnels commencent à montrer leur désapprobation. « Je ne vois plus l’utilité de ce processus vu que le FFKM n’a pas réussi à réconcilier les 5 anciens présidents. La réconciliation si elle doit continuer ne devrait plus être politique », soutient une personnalité de la région sud-est. Le FFM, l’autre entité réconciliatrice, est à l’affût pour reprendre la mission.

Les partenaires de Madagascar ne sont pas indifférents et suivent de près ce dossier. La France par la voix de son ambassadeur n’y croit pas tellement et ne trouve pas l’utilité de ce long processus. Les Etats-Unis espèrent que la réconciliation aboutisse et insistent sur l’amnistie. L’Union européenne souligne la nécessité de porter le processus au niveau local pour que les malgaches se réconcilient. L’ambassadeur de l’UE note aussi l’importance de l’amnistie qui à ses yeux ne veut pas dire impunité, mais un cadre juridique qui permet à une société de se reconstruire.

A. Herizo