jeudi , 18 avril 2024
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Plutôt que de passer leurs vacances à la montagne ou de choisir une semaine de classe verte à cheval dans les Landes ou encore de visiter des monuments en Grèce, des élèves du Collège Rousseau à Genève ont préféré l’aventure d’un voyage pas comme les autres dans le fin fond de la brousse du Sud de Madagascar, à 10'000 km de leur école.

30 élèves d’une école suisse ouvrent un projet pilote à Madagascar

Le voyage des élèves s’inscrit dans un processus d’aide au développement intégré initié par l’association genevoise ASDDG (Action Sud pour le Développement Durable – Genève) présidée par une enseignante d’origine malgache, Mme Beby Ramanisa. « Lorsque Madagascar a changé de régime, il y a maintenant deux ans, nous étions plusieurs à Genève, à espérer pouvoir soutenir la nouvelle équipe au pouvoir dans ces efforts de développement du pays ». Madame Ramanisa a alors recherché le village le plus reculé de Madagascar et, avec l’aide d’une autre association suisse déjà présente dans le Sud malgache, l’ADES (Association pour Développement de l’Energie Solaire), elle a recueilli les demandes d’Ampitanaka, un village de 3000 habitants à quelques dizaines de kilomètres de la première mairie, à des heures de route de la capitale de province : Tuléar.


« Nous avons reçu des photos de l’école d’alors, qui se tenait sous un grand tamarinier faute de mieux. Nous avons également reçu un devis réalisé par le FID, le Fond d’Intervention pour le développement, une ONG créée et financée par l’UNICEF. Le FID est chargé de la réalisation du programme national de construction d’écoles à Madagascar. Le FID prévoyait un budget de 40’000 CHF pour la création d’une école ». Madame Ramanisa s’est alors rendue sur place pour s’apercevoir qu’il était possible de réaliser une école de même taille pour 1/10ème du prix, grâce à l’aide des villageois. « C’est l’implication très forte des villageois dans tout le projet qui en fait l’originalité et qui a conduit à son actuel succès ». En effet, quelques mois plus tard, l’ASDDG recevait l’appui financier de l’Etat de Genève et de la commune de Meyrin et les travaux pouvaient commencer.


Ainsi, début avril, les élèves du collège Rousseau, dont le voyage a été subventionné en partie par le Département de l’Instruction Publique de Genève, les Services Industriels Genevois et Air Madagascar, ont pu assister à l’inauguration non seulement d’une école pouvant accueillir 120 élèves de primaire mais également d’une cantine scolaire, d’un dispensaire et d’un gîte rural.  Les élèves ont participé aux derniers travaux de mise en route : jardinage, menuiserie, mise sur pied d’ une petite bibliothèque-ludothèque pour la nouvelle école. Et une expérience nouvelle, cuisiner aux fours solaires !
Les élèves ont aussi participé à la création des comités de gestion en faisant un don de 2500 francs suisses (12 mio de FMG) pour alimenter la Caisse populaire. Composées chaque fois de trois membres selon le proverbe malgache « il faut trois pierres pour faire cuire le riz », ces comités auront la charge de gérer les différentes entités. Chaque fois qu’une entité rapporte de l’argent, celui-ci  est également divisé en trois parts : pour financer sa maintenance, pour rémunérer l’équipe en charge et pour alimenter la Caisse Populaire générale du village, caisse qui sert également de fonds à une sorte d’assurance maladie.


Bref on ne compte pas les nombreuses ingéniosités qui composent ce projet et qui lui permette, à moindre coût d’être déjà un exemple pour Madagascar. A tel point que le nouveau Président de la République, Marc Ravalomanana, lors d’un récent passage à Genève, a souhaité que le FID prenne exemple sur la réalisation proposée par la modeste association genevoise.


Pour sa part, l’ASDDG a demandé à ce que la route entre le village et la prochaine ville, Ejeda, soit améliorée. Elle entend aussi consolider la réalisation actuelle. Une prochaine rencontre des responsables avec les villageois est prévue en juillet. « Et si le projet continue sur sa lancée, nous serons alors heureux de servir d’exemples aux autres villages des alentours ». L’ASDDG en appelle également à tous ceux qui souhaitent partager l’expérience d’un nouveau type de tourisme à prendre contact : émotion garantie !


Enfin, selon les élèves, les objectifs du voyage ont été atteints : se rendre compte des conditions vie des populations du sud et pratiquer la solidarité internationale pour s’ouvrir au monde.