samedi , 20 avril 2024
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Octobre 1959 - octobre 2009, l’administration pénitentiaire malgache fête ses 50 ans. Les conditions dans les prisons se sont dégradées, s’éloignant de plus en plus des normes requises. Ces trois dernières années, une réforme a été conçue pour redorer le blason des prisons malgaches et veiller à un meilleur respect des droits de l’homme.

50 ans après, l’administration pénitentiaire toujours au fond du trou

Le premier responsable de l’administration pénitentiaire ne fait pas de mystère du triste bilan des prisons à Madagascar. « On est encore très en-deca de ce qu’il faut, que ce soit en matière de surveillance des détenus ou en matière de capacité d’accueil », admet-il. On compte un agent pénitencier pour 40 détenus à Madagascar alors que la norme veut qu’un gardien surveille cinq prisonniers. Rakotomanga Rakotonirina donne des détails techniques qui sont tout simplement effarants. « Il y a le régime cellulaire, c’est-à-dire une cellule pour un détenu, le régime en commun ou une cellule pour huit individus, chez nous, on a parfois une salle pour 120 prisonniers ».

Les conditions de détention ne sont pas toujours aussi dures. L’administration a déjà franchie une étape en construisant des prisons pour femmes. Dans les maisons d’arrêt, les détenus mineurs ne sont pas mélangés avec les grands. Il y a même un quartier VIP réservé à certains privilégiés. Les étrangers et les prisonniers politiques y ont accès. Pas trop de proximité, un endroit propre, moins de risque d’agression… c’est un peu le paradis des prisonniers.

Pour le commun des détenus, c’est l’enfer de la grande salle. Pour faire régner l’ordre auprès de 100 criminels et délinquants en repentance, un chef régente la vie du groupe. Dans les histoires de prison, il y a un cliché qui revient toujours : tout le monde doit se coucher en se tournant sur un même côté. Au signal du chef de chambre, les prisonniers entassés dans un espace étriqué se mettent à tourner de l’autre côté.

La surpopulation des prisons qui accueillent deux voire trois fois plus que la capacité d’accueil n’est pas toujours aussi catastrophique. Selon le chef de l’administration pénitentiaire, les 2m² requis pour chaque détenu est respecté même si cela ne veut pas dire que les conditions de détention sont faciles. La surpopulation touche surtout les maisons d’arrêt dans les grandes villes. A Madagascar, il y a 80 prisons qui accueillent 17 000 détenus.

Rakotomanga Rakotonirina estime que des solutions judiciaires sont aussi à prendre pour désengorger les prisons. Il fait référence à l’accélération des procédures judiciaires pour juger les détenus en mandat de dépôt, d’une part, à la mise en liberté conditionnelle de ceux qui ont purgé une partie de leur peine en ayant observé une bonne conduite, d’autre part.

Pour améliorer les conditions de détention, l’administration veut définir une nouvelle carte pénitentiaire et atténuer les concentrations sur une localité comme à Antananarivo et Toamasina avec respectivement 08 et 10 maisons d’arrêt. La grande réforme prévue commencer en 2008 ne sera entamée qu’en 2010. Elle prévoit la construction de nouvelles prisons suivant les normes requises.

Symbole du renouveau et fierté de l’administration pénitentiaire, les camps pénaux seront aussi au centre de la réforme. Les premières expériences ont porté le fruit. Des prisonniers travaillant en dehors, dans les champs de culture, sont disciplinés et préparés à la réintégration de la vie sociale à leur libération. Dans ces camps, les détenus s’attèlent à des activités d’élevage et d’agriculture pour l’autosuffisance alimentaire de leur prison.