Les mesures économiques prises par Andry Rajoelina depuis son accession contestée au pouvoir n’ont rien d’économique. L’affirmation est certes radicale mais elle traduit l’inquiétude suscitée par les actions de la HAT soucieuse de redorer son image auprès de la population. « Ce sont des décisions populistes et politiques », rétorquent les plus sceptiques.
La baisse du prix du pain à 200 ar est tout à fait virtuelle car la taille du produit diminue aussi. La révision imposée des tarifs des taxis-brousse est anti-économique car il oblige les transporteurs à fonctionner à perte. La petite baisse des prix du carburant devait remonter le moral des ménages mais aussi relancer la communication. Après avoir déserté les stations services, les automobilistes font la queue par peur de pénurie. Une réaction de panique qui finalement n’est pas justifiée. Les stocks stratégiques permettent de tenir trois mois, 45 jours à Antananarivo qui représente les 40% de la consommation nationale. Cette quantité ne tient pas compte d’une récente livraison à Toamasina, la prochaine est attendue début mai.
Le cas Tiko est révélateur de la fébrilité de la situation économique actuelle. L’empire agro-industriel appartenant à la famille Ravalomanana a annoncé en début de semaine la cessation de son activité suite aux pillages et aux menaces. Le gouvernement de la transition a déclaré vouloir faire payer au fleuron de l’industrie malgache les avantages fiscaux qu’il aurait obtenu auprès de l’Etat. Le premier ministre Roindefo a même parlé de prise de capitaux. Pourtant, après l’annonce de la fermeture de Tiko, le ministre des Finances de la Transition est venu à la rescousse pour signer un accord afin que le groupe puisse continuer à produire et à distribuer ses produits. La crise politique a en effet multiplié par deux les prix des produits Tiko, le seul fabriquant et distributeur à occuper entièrement le marché national.
Le retrait de la SADC décidé par Andry Rajoelina en réponse à la mesure de suspension de Madagascar ne ravit pas les exportateurs. Une décision qui est considérée comme radicale et prématurée. Quand rien ne va, le bâtiment ne va pas bien.
La cimenterie Maloci risque de suspendre sa production. La faute à une forte baisse de la consommation estimée à -40%. La société chinoise n’arrive pas à écouler sa production alors qu’elle a atteint sa vitesse croisière.
Une grève à la Banque Centrale, la situation est assez rare pour être signalée. Les employés de cette institution financière dénoncent le harcèlement et les menaces à leur encontre, regrettent « l’interdiction de sortie du territoire infligée » à leur gouverneur. Ils veulent des garanties pour pouvoir travailler dans le respect de leur statut et de leur indépendance. Les banques primaires pourraient subir la conséquence de cette suspension des activités de la BCM. Une entente doit être trouvée d’urgence pour ne pas dérégler une machine économique déjà mal en point.