vendredi , 19 avril 2024
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Ils sont une centaine de foyers à retrouver la dignité. Des anciens squatters et SDF habitent maintenant un village du sud de la capitale.

De La Réunion kely à Antsahabe, un exemple de réinsertion sociale réussie

C?était auparavant une colline dénudée. Aujourd?hui, c?est devenu le village de la fondation Abbé Pierre d?Antsahabe, une localité située à 18 kilomètres au sud d?Antananarivo, la capitale de Madagascar. Plus 100 foyers représentant quelque 400 personnes y vivent actuellement dans des maisons de type traditionnel malgache, construites en brique avec des sanitaires et des latrines extérieurs. Quelques années auparavant, ils squattaient les bords des chemins de fer du quartier d?Ampefiloha en plein centre de la capitale. C?était un endroit tristement surnommé « La Réunion kely ». Ils vivent aujourd?hui dans la dignité. « Nous avons habité autrefois dans des maisons en sachet mais actuellement nous avons de l?avenir » affirme Narindra qui ne cache pas sa confiance en l?avenir. « Les gens d?ici vivaient autrefois à La Réunion kely dans des saletés, mais ce n?est plus le cas aujourd?hui » renchérit Tahiana. 
Une longue démarche
La réinsertion des sans domicile fixes de La Réunion kely a été une longue histoire. C?est en 2002 que l?association d?obédience chrétienne Famonjena s?est penchée sur la question. La Commune urbaine d?Antananarivo a décidé également de prendre le taureau par les cornes. Il a été donc décidé de déplacer les squatters des rails d?Ampefiloha. D?autant que la société Madarail était déjà sur le point de réutiliser les chemins de fer laissés à l?abandon durant des années. Il fallait déloger environ 400 foyers. Mais en douceur. 101 foyers ont accepté de rejoindre la localité d?Antsahabe. Certains sont allés ailleurs. A Antsahabe, les nouveaux habitants tentent de s?initier à l?agriculture. Mais leur gagne-pain consiste toujours à s?adonner à des petits boulots dans la capitale. La majorité d?entre eux ne regrettent point d?avoir rejoint Antsahabe. Ils sont là depuis 2003. Les enfants sont scolarisés. Le village dispose d?une école. Tandis que les adultes ont retrouvé l?espoir d?un nouveau lendemain.
Depuis quelques années, plusieurs entités se sont données la mains pour apporter un mieux-être à la population d?Antsahabe : la fondation française Abbé Pierre, l?association suisse Pro Victimis, le Fonds de développement social de l?Ambassade de France et l?association réunionnaise Echange et Partage.   
Exode rural
Voilà 400 individus qui sont ainsi sortis de l?impasse. Mais aujourd?hui encore, des milliers de personnes vivent dans des conditions très insalubres à Antananarivo. Procéder à la réinsertion d?une centaine de familles est une chose. Mais convaincre des milliers d?autres de ne pas se rendre dans la capitale, en venant des campagnes, sans aucun espoir de meilleure condition de vie en ville en est une autre. Le phénomène de marginalisation est en effet inséparable de celui de l?exode rural à Madagascar, explique un fonctionnaire du ministère de la population. Les conditions de vie des nouveaux immigrants ne sont pourtant pas des meilleures.
Une réussite
Antsahabe est aujourd?hui un exemple de réinsertion sociale réussie. Mais il existe d?autres pionniers. Le célèbre père Pédro et le village Akamasoa sont connus de beaucoup de gens. Antsahabe est une autre bataille de gagnée. Mais pour gagner la guerre contre la marginalisation et pour avoir l?espoir de ne plus apercevoir des SDF dans les rues de la capitale, il faudra sans doute de la patience. A Madagascar, depuis les années 1980, on les appelle tristement « 4?mis ». Ils sont pour l?heure libre de circuler de rue en rue, jour et nuit, dans la capitale malgache. Des associations s?échinent à les aider. La réussite dépend généralement de l?approche choisie.