jeudi , 28 mars 2024
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La médiocrité de la délégation menée par le ministre des Sports de la HAT a des explications, voire des excuses. Avec une 4ème place au classement des médailles d’or, Madagascar n’a pas assuré côté résultats. Manque d’esprit sportif et de patriotisme mélangé à une décision politique embarrassante, le naufrage collectif a été évité de justesse grâce à l’athlétisme, la discipline pauvre du sport malgache.

La transition a mis le sport malgache en crise

Le ministre des Sports, Ndremanjary Jean André était-il un trop impliqué dans ces 8ème Jeux des Iles de l’Océan Indien ? L’ancien basketteur agissait comme un chef de délégation alors qu’il est censé être aux Seychelles pour assister à des réunions interministérielles de la région. Sa décision de retirer l’équipe de Madagascar de la compétition au stade des demi-finales du Basketball homme est regrettable. « C’est une décision politique pris par le ministre des Sports », commentaient les journalistes.

Le ministre Ndremanjary assume. Si l’on ne fait pas jouer l’américain naturalisé malgache – qui a un prénom bien de chez nous mais prononcé différemment : Charles – c’est toute l’équipe qui ne jouera pas. Sur le plan purement sportif, une telle décision est digne des compétitions scolaires ou de quartiers. C’est un manque de courage et de confiance évident. Certes, il y avait une petite injustice mais le retrait de l’équipe est injustifiable. En effet, la polémique sur le cas de notre malgacho-américain Charles a commencé avant même le début de la compétition. Les seychellois ont déposé une réserve à la Commission des Jeux et le néo-malgache n’a pas pu jouer.

Selon le président du Comité olympique malgache qui soutient la position de son ministre, tous les adversaires de Madagascar ont alors refusé que Charles figure dans la feuille de match. Or, la Commission a validé sa participation mais lui a infligé un match de suspension pour avoir eu des propos un peu virulents. Cette suspension a été assimilée à une interdiction. Face à la pression des autres adversaires de Madagascar, la CIJ a fait machine arrière et a déclaré Charles comme non qualifié. C’est ce revirement de la Commission qui aurait poussé le ministre à prendre une décision « politique ».

Pourquoi pas, mais cela ne mériterait sans doute pas que l’on parle de violation de la souveraineté nationale de Madagascar. Pour être objectif, l’accréditation des athlètes a été arrêtée en juin ; or, l’américain a été naturalisé malgache début août, ont argumenté les Seychellois. De ce point de vue, le pauvre Charles n’aurait même pas dû être du voyage. Le comité olympique malgache n’a pas apprécié que Madagascar soit soupçonné de recours à un « mercenaire » alors que les autres îles ont aussi des athlètes naturalisés. Serge Ibaka, le basketteur congolais jouant en NBA, ne vient-il pas d’être naturalisé espagnol et participera aussitôt au championnat d’Europe 2011.  

Jean André Ndremandjary en veut aux Barea. Il est dégoûté par le manque de sérieux des joueurs qui ont fait des fautes de débutant pour donner le match à l’adversaire. «  Je ne suis pas footballeur mais je sais qu’il ne faut pas que le gardien prenne de la main une passe venant du défenseur », fulmine-t-il. Pour le ministre, l’investissement dans le football ne méritait pas une élimination au premier tour aux Jeux des Iles. « Les Bareas ont été choyés au centre de Carion, la « Clairefontaine » de la fédération malgache, alors que les autres athlètes étaient « parqués » au Complexe d’Ampefiloha », grogne un membre de la délégation, sous le coup de la déception. Les footballeurs malgaches ont choqué leurs compatriotes en faisant la fête au concert de Hazolahy, après leur élimination sans gloire.

Le premier ministre de la HAT n’a pas caché sa déception sur les résultats des malgaches lors des Jeux des Seychelles. « Tout cela a une raison », admet avec résignation Camille Vital qui constate la dégringolade du sport malgache après avoir dominé de longues années dans l’Océan Indien. « Cela dépend de la réalité dans le pays, il y a un ordre des priorités », disait-il, prenant soin de souligner que « cela ne veut pas dire que le sport n’est pas une priorité du gouvernement ».

Selon le premier ministre, « le (manque de) moyen et la crise », sont les causes de cette contre-performance. « Que cela ne nous décourage pas, on fera mieux la prochaine fois », a-t-il déclaré. Il ne va sans doute pas sanctionner ses ministres qui ont coaché une discipline des Jeux pour manque de résultat. Même pas de retour au pays, le ministre Ndremanjary annonce déjà son projet de relancer certaines disciplines et les infrastructures sportives dans les 4 ans à venir. Sera-t-il disqualifié plus tôt ? La décision ne sera même pas politique mais tout simplement sportive.