vendredi , 29 mars 2024
enfrit
Une radio nationale qui fête ses 80 ans, une deuxième chaîne de télévision, la hausse des salaires… l’audiovisuel public chante. Avec la baisse des recettes publicitaires, les médias privés déchantent. Audiovisuel et presse écrite sont pénalisées par la décision des opérateurs en télécommunications de suspendre leur campagne publicitaire afin de contester le projet de Passerelle internationale unique cher aux dirigeants de la HAT.

La vie des médias : le public jubile, le privé souffre

Le radio nationale malagasy fêtera ses 80 ans le 29 avril 2011. Elle n’a pas pris une ride puisqu’elle a toujours le même visage qu’il y a 40 ans. Après avoir connu un moment de modernité, la RNM est redevenu un média folklorique au service du pouvoir, essayant d’être divertissant à défaut d’être éducatif par son ton inévitablement propagandiste. Après l’incendie du bâtiment historique le 26 janvier 2009 perpétré par des partisans du maire d’Antananarivo qui voulait rouvrir sa télé  et accessoirement renverser le président de la République, la RNM est retournée à l’âge des pierres, sans archives, sans âme.

Sans pouvoir investir pour améliorer les ressources humaines, le ministère de la Communication a fait l’effort sur le plan des infrastructures. A Anosy, le progrès n’est pas visible puisque les médias publics sont installés dans un bâtiment à peine habitable après une réhabilitation express. C’est la TVM qui bénéficie du progrès impulsé par la HAT. En quête de média de propagande pour convaincre la communauté internationale, la télévision publique malgache se vante de faire partie du bouquet Canal satellite. La visibilité internationale, notamment en Europe est l’objectif déclaré.  Le directeur de l’ORTM, l’organe qui chapeaute l’audiovisuel public évoque la mise en place d’une véritable chaîne internationale. « Nous devons produire des émissions malgaches pour alimenter la chaine TVM 2 pour l’Europe », s’enthousiasme Johary Ravoajanahary.

Vu la qualité des ressources humaines dont disposent la TVM et la RNM, de telle ambition laisse songeur. La plupart sont des ECD recrutés de manière tout à fait « traditionnelle » dans les régions puis affectés à Antananarivo. Au moins, ces fonctionnaires de l’audiovisuel public seront plus motivés grâce à la hausse des salaires. Ils pourraient même bénéficier de l’augmentation de 25%. Effectivement, les journalistes du secteur public ont de très bas salaire. Ce qui a été pratique pour le système car cela a permis de mieux les contrôler par des collaborations officielles ou non.

La TVM et la TNM n’ont pas le problème des médias privés. L’impact de la grève des publicités opérée par les opérateurs en télécommunications se fait sentir. Face à la défection de ses plus grands annonceurs, les médias privés tardent à épouser les causes de ces derniers, à savoir s’opposer à la mise en place d’une Passerelle internationale unique (PIU). Peut-être que la plupart des radios et télévisions malgaches ne sont pas à vocation commerciales. Subventionnées par un intérêt politique ou un groupe religieux, la recette publicitaire est la cadette de leur souci.

Dans l’affaire de la PIU, la HAT manque pourtant d’argument. Le premier ministre Vital qui est en charge des télécommunications a parlé d’une perte de 25 millions de minutes de communication. Andry Rajoelina évoque l’expérience dans des pays voisins qui ne sont pas du tout une référence en matière de politique des télécom. Il y a un intérêt des dirigeants. Il est économique car il y a du profit à se faire avec la société choisie. Il est politique car les communications internationales pourront être contrôlées, voire interdites, comme ce qui se passe en Egypte en ce début 2011. En passant, la caisse de l’Etat sera renflouée. Voir les télécommunications comme une poule aux œufs d’or revient à sacrifier les autres secteurs qui l’utilisent comme moyen de production. C’est un manque de vision flagrant de la HAT qui navigue à vue.