jeudi , 18 avril 2024
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Paradoxalement à un appel solennel du président malgache pour lutter contre les feux de brousse, le phénomène touche même les réserves naturelles.

Les feux de brousse dans les réserves naturelles

Pas de dégâts majeurs, les feux sont maîtrisés, à en croire les informations parvenues au ministère des eaux et forêts en ce qui concerne le feu qui s’est déclaré à la réserve naturelle d’Ankarafantsika, dans le nord-ouest de Madagascar. Sauf que des sources concordantes ont laissé entendre que plusieurs hectares de forêts sont déjà partis en fumée, avec tout ce que cela suppose d’espèces endémiques. Ce n’est, certes, la première fois que la réserve naturelle d’Ankarafantsika est touchée par le feu de brousse, sauf que cette fois, le phénomène intervient presque au même moment où le président de la République, Marc Ravalomanana, avait lancé un appel solennel pour la lutte contre le feu de brousse.

Les feux de brousse, jusqu’à preuve du contraire, si ce n’est des incendies criminels, sont surtout liés au phénomène de la culture sur brûlis et au feu provoqué par des paysans éleveurs sur les bushes pour avoir de l’herbe pour les bétails.

Maniant la politique du bâton et de la carotte, le ministre des eaux et forêts, Alibay Johnson, lui, devait rappeler que les sanctions pénales, concernant la pratique des feux de brousse, sont très sévères, pouvant aller jusqu’à 12 mois d’emprisonnement ferme, voire la prison à vie. Le mois d’octobre, précédant la saison des pluies à Madagascar, étant le mois où les feux de brousse semblent le plus fréquent, l’appel solennel, au cours d’une déclaration officielle, du président de la République, relayé ensuite par les explications du ministre des Eaux et forêts, arrive à point nommé. Après avoir énuméré les peines encourues en cas de flagrant délit, le ministre des Eaux et forêts a tenu à rappeler que les Communes qui arrivent à endiguer le phénomène seront récompensées, en vertu de nouvelles dispositions légales. Les réalités se présentent cependant autrement. La réserve naturelle d’Ankarafantsika a pris feu, tandis que le parc national d’Isalo, un important site touristique également, n’est pas, lui non plus, épargné par le phénomène de feu de brousse. A tel point que le chef de province, le président de la délégation spéciale, Pety Rakotoniaina, y soupçonne une tentative de désobéissance à l’endroit des autorités politiques. Le parc national d’Isalo faisant partie intégrante de la province de Fianarantsoa dont il est le premier responsable au plan administratif.

Pour la première fois pourtant, un président malgache lance un appel solennel pour la lutte contre le feu de brousse au cours d’une déclaration officielle. Les conséquences du phénomène étant, depuis plusieurs décennies, connues et énumérées, mais sans résultat conséquent. Le feu continue, tous les ans, à faire des ravages, et l’érosion, l’un de ses principaux corollaires, menacent plusieurs hectares de terres cultivables. Et chaque mois précédant la saison des pluies, à Madagascar, les régions des hautes terres sont englouties sous d’épaisses fumées. Sans parler des conséquences sur la santé publique. C’est généralement à l’aune de ces fumées que les habitants des villes, au cours des mois d’octobre et novembre, mesurent l’ampleur des feux de brousse durant l’année en cours. Reste à savoir si, cette fois, l’appel solennel du président malgache sera entendu.