vendredi , 29 mars 2024
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La Grande Ile dispose d'une politique pour le développement des Technologies de l'information et de la communication bien que les efforts du gouvernement, dans le contexte actuel, soient toujours axés sur d'autres domaines.

Les TIC, un enjeu majeur malgré d’autres priorités

Pour l’instant, Madagascar compterait quelque 16.000 internautes, pour une population d’environ 15 millions d’habitants. La téléphonie mobile, avec actuellement deux opérateurs majeurs, Orange et Madacom, continue son petit bonhomme de chemin, avec respectivement autour de 100.000 abonnés pour les deux opérateurs. Madacom et Orange couvrent, chacun, une vingtaine de villes de Madagascar. Sur le plan de la téléphonie fixe, la privatisation de TELMA, l’ancienne société nationale de téléphonie fixe, désormais cédée au groupe Distacom, société mère de Madacom, est censée booster, dans les prochaines années, le secteur de la télécommunication en général. Et les technologies de l’information et de la communication (TIC), face à ce nouveau contexte, ne peut que connaître une évolution positive.


Les TIC, justement, devient dans la Grande Ile un enjeu essentiel pour la promotion du développement et de la croissance économique. Au point que, déjà il y a quelques années, des observateurs ont parlé d’une éventuelle possibilité, peut-être, pour Madagascar de passer de l’ère agricole à l’ère technologique, sans avoir à passer par celle de l’industrialisation massive à l’image de celle qui, quelques siècles auparavant, a été à l’origine de l’enrichissement des nations européennes.


Le secteur agricole regroupe en effet, selon les statistiques officielles, plus de 70% de la population active de Madagascar, alors que les TIC ne cessent en même temps de révolutionner les mentalités. Internet étant actuellement entré dans les m½urs.


e-gouvernance


Au sein de l’administration, la révolution technologique se prépare également. Ces derniers mois, l’on parle dans le milieu des initiés de « e-gouvernance ». Une expression sans doute rébarbative aux yeux des simples citoyens qui, cependant, en seront ultérieurement, en cas de réussite du projet, les principaux bénéficiaires. Le concept de « e-gouvernance » consiste en effet, surtout, en une modernisation de l’administration malgache, une administration obsolète dont les agents s’écroulent souvent sous le poids des papiers qu’ils ont à manipuler à longueur de journée.


Aujourd’hui, l’avènement d’une nouvelle ère technologique permet d’envisager l’utilisation de réseau intranet au sein de l’administration. Plus concrètement, selon un spécialiste, des réseaux d’ordinateurs seront, par exemple, installés au sein des différents ministères de manière à ce que, d’abord, au sein d’un département ministériel la circulation des données soit plus rapide et plus fiable et, ensuite, qu’au niveau de l’ensemble des ministères les façons de communiquer soient également améliorées. Et, dans le même ordre d’idée, l’utilisation de cartes d’identité électronique par tous les citoyens malgaches est déjà dans les conversations. Les principales actions de mise en place de cette gouvernance électronique sont prévues commencer début 2005.


Gestion de temps et d’espace


Une secrétaire de direction, estime toujours notre interlocuteur, dans le contexte actuel de l’administration peut effectuer jusqu’à l’équivalent de cinq kilomètres de va-et-vient quotidien à son lieu de travail. La mise en place d’un réseau d’ordinateurs pourrait changer la situation, alors que les investissements nécessaires semblent à la portée du gouvernement qui, pour y parvenir, n’aura qu’à disposer d’ordinateurs, de câbles et de ligne téléphonique.


Le service public qui pourra, dans les prochains mois, se préparer à ce début de changement est celui des domaines et de la propriété foncière, rattaché actuellement au ministère de l’agriculture. Le service des domaines, tout comme celui de la topographie, se voit dans l’obligation d’informatiser d’ici quelques temps ses documents en papiers rongés par le temps. C’est un projet à long terme, explique le chef de service de la topographie. Mais il s’avère incontournable.


Direction générale des TIC


La mise en place de ce système de gouvernance, au sein de l’administration, a requis la création d’une nouvelle direction générale au sein du ministère des télécommunications : celle des TIC. Le directeur général des TIC, Robinson Olivier, résume la situation en une phrase : « nous avons besoin de riz mais aussi des TIC ». Le riz étant l’aliment de base de la population malgache. Les priorités établies par le gouvernement malgache et qui engloutissent la majorité des ressources sont effectivement celles des infrastructures, de l’éducation et de la santé.


La Grande Ile compterait près de 8 millions d’analphabètes, soit un peu plus de 50% de la population. Et le pays n’arrive toujours pas à satisfaire le besoin de sa population en riz. Ce qui, toutefois, n’a pas empêché le gouvernement d’assigner une nouvelle mission au ministère des télécommunication et de la communication, celle de mettre en place l’informatisation de la gestion de l’administration et, dans le même temps donc, celle de la promotion des TIC. Les actions doivent néanmoins s’adapter au contexte malgache. L’utilisation des nouvelles technologies de l’information pour la vulgarisation de l’alphabétisation, par exemple, n’est plus du domaine de l’utopie. Il existe, aujourd’hui, un logiciel concocté par des informaticiens malgaches pour apprendre à lire et pour promouvoir ainsi l’alphabétisation au sein de la population.


Liberté d’expression


Dans le secteur privé, les sites d’information sur Madagascar font également florès. Le dernier recensement fait état de l’existence d’environ 500 sites sur la Grande Ile, bien que la majorité soit hébergé hors du territoire de Madagascar. L’information en ligne contribue dorénavant à la promotion de la liberté d’expression et d’information sur la Grande Ile et chez les communautés malgaches à l’étranger.


Depuis quelques années, les sites d’information sur Madagascar sont, dans le même temps, devenus des forums de discussion sur des sujets touchant divers aspects de la vie nationale. Ce qui a incontestablement contribué à la liberté d’expression et au pluralisme d’idées ainsi qu’à la promotion de la démocratie alors que, parallèlement, la presse en ligne entend donc jouer pleinement son rôle de contre-pouvoir, avec, il est vrai, les excès que cela peut malheureusement souvent engendrer.


Le mise en place, dans les prochaines années, de la fibre optique permettra davantage de développer le secteur car les nouveaux câbles sous-marins qui vont donc concurrencer la communication satellite sera l’occasion d’avoir une connexion à haut débit sur l’ensemble du territoire.