mardi , 23 avril 2024
enfrit
La plupart des sites d’information malgaches n’ont pas autant d’intérêt politique et économique que les deux favorisés par le ministre de la communication de la HAT. La discrimination contre les cyber-journalistes s’appuie officiellement sur le fait que la loi sur la communication élaborée au début des années 1990 ne considère pas internet comme un média.

Médias : discrimination contre la presse en ligne

Il y a déjà jurisprudence ! Les deux anciennes commissions ont attribué la carte de presse aux-cyberjournalistes. C’est un peu comme si l’ordre des médecins décidait que les chirurgiens ne sont plus des médecins professionnels.

La théorie du déficit de compétence ne tient pas dans le contexte malgache vu que les acteurs du web sont beaucoup plus qualifiés que les journalistes de la presse classique. « Les gens croient que les cyber-journalistes sont des citoyens qui publient plus ou moins n’importe quoi sur un site web et qui ne connaissent rien au journalisme, je pense que ce n’est pas vrai, du moins pour les sites d’information, de toute manière ce n’est pas pire qu’à la radio », souligne un journaliste qui travaille justement dans la radio.

La raison de la discrimination de la presse en ligne serait politique. Le ministère de la communication de la HAT a toute les raisons de se méfier de ces médias virtuels hébergés à l’étranger et dont les patrons ne sont pas forcément connus. Difficile alors de faire pression sur le directeur de publication. Il y a une volonté d’écarter les cyber-journalistes du terrain, limitant leur accès pour la couverture des manifestations et les cérémonies officielles.

La HAT a perdu des batailles dans sa propagande en ligne mais n’a pas renoncé à gagner la guerre. « Si les cyberjournalistes sont écartés, c’est qu’il y a cette idée reçue selon laquelle les médias web ont été défavorables à l’autorité en place, pis, ils ont contribué à ce qu’il n’y ait pas la reconnaissance internationale de ce pouvoir, c’est un peu exagéré mais en partie vrai, la preuve…», estime un journaliste de la presse écrite qui a essayé de se diversifier dans le web.

Qu’en pensent les intéressés ? « Cette exclusion ne change rien pour moi, je me considère à 100% professionnelle, je peux continuer à faire mon métier de journaliste comme avant », déclare une cyber-journaliste. « Ils veulent bien nous envoyer leurs communiqués et leurs diaporama mais après ils ne nous considèrent pas comme étant de la presse », ajoute-t-elle non sans amertume.

« Il faut positiver, cette discrimination est une occasion de lancer le métier de cyber-journaliste à Madagascar, note avec optimisme un cyber-journaliste qui s’est converti au début des années 2000. Il faut qu’il y ait plus de reconversion vers le journalisme en ligne et surtout de nouveaux jeunes qui entrent dans le métier. La reconnaissance du ministère est anecdotique si l’on gagne plus de notoriété et de valorisation économique de la profession ».  

Les politiciens malgaches ont-ils peur de la puissance de l’Internet, ce média qu’ils ne contrôlent pas ? Pas forcément vu que le nombre d’internautes n’est pas assez élevé. Les autorités actuelles ont intérêt à freiner les médias en ligne. Ce ne sera pas forcément le cas avec le retour à l’ordre constitutionnel. Le problème actuel est que le pouvoir a besoin de convaincre sur le plan international, là où le web est la première force médiatique. Discréditer toute la profession du cyber-journaliste est de bonne guerre pour minimiser l’importance de ce nouveau de média qui n’en serait pas un à Madagascar.