Nathalie Rabe : utiliser la CSCA pour contrôler les médias

La Commission Spéciale à la Communication Audiovisuelle est relancée par les autorités de la transition pour rectifier certaines choses. La décision visant à interdire des émissions de la Radio Fahazavana a été une pure mesure administrative d’une direction du ministère de la Communication.  Le dessous politique est évident puisque cette station appartenant à l’église protestante FJKM est la seule à critiquer ouvertement les autorités de fait et à donner des nouvelles de la mouvance Ravalomanana.

La ministre de la Communication adopte un discours très technique pour se justifier. Nathalie Rabe reconnaît qu’il est difficile de faire appliquer le cahier des charges par chaque média. La Commission Spéciale à la Communication Audiovisuelle sera un organe indépendant chargé de  faire respecter les règles des jeux dans le cadre d’une nouvelle loi sur la Communication. Une gestion informatisée par un logiciel unique des licences sera instaurée. Cela permettra, d’après la ministre, de savoir qui s’est acquitté de ses obligations envers l’Etat et l’OMERT, de vérifier si les cahiers de charges techniques, comme la puissance des émetteurs, sont respectés.

Nathalie Rabe estime que les incitations à la haine et à  la violence ne sont pas admissibles dans les médias dans une démocratie. La ministre de la Communication est allée jusqu’à envoyer une lettre de mise en demeure à la radio Viva appartenant à Andry Rajoelina. Les défenseurs des autorités de fait sont effectivement les plus agressifs sur les ondes. Les appels à « s’occuper » des maisons des leaders des trois autres mouvances, à procéder à des arrestations, des attaques personnels et dénigrements… sont monnaies courantes.  

La ministre de la Communication ne veut pas faire deux poids – deux mesures. Quoiqu’il en soit, avec une sanction immédiate pour la première, un avertissement pour la deuxième, l’équité n’est pas possible. Nathalie Rabe a été vivement réprimandée par les journalistes – animateurs de la radio Viva. Ces derniers reprochaient à la ministre de faire preuve d’excès de zèle alors qu’elle n’a même pas participé à la lutte populaire qui a permis de renverser le président élu. Les faits d’armes de la radio Viva en matière de propagande avant et après le putsch donneraient à la station un statut particulier, du moins durant la période de transition.

La ministre Nathalie Rabe, s’est fait petite et a accepté de recevoir les représentants de la radio municipale devenue une station présidentielle. Malheureusement pour elle, une nouvelle bourde allait entacher sa réputation. La station de télévision TV Plus a été refoulée au ministère à Anosy alors qu’elle était venue participer à une réunion des médias audiovisuels avec la ministre de la Communication. Seule la station Viva avait été « invitée » car ayant sollicité une audience, tel a été le motif. Maladroitement, les responsables ont fini par inviter les indésirables. La TV Plus a certes appuyé le mouvement TGV mais s’est vite repositionné dans une ligne éditoriale neutre et critique.

Issue du monde de la publicité, étant le co-fondateur d’une grande agence de communication, Nathalie Rabe est attendue sur le terrain de l’information. L’audiovisuel national est devenu plus que jamais un moyen de propagande pour les autorités de la transition et le gouvernement. Les journalistes du secteur public sont mobilisés sur des reportages précis visant à justifier ou contredire certaines informations. L’opposition n’a toujours pas accès à la TVM ni à la RNM. La nouveauté est que la jeune première dame squatte les écrans. Derrière Mialy Rajoelina, il y a de très actifs conseillers en communication issus de la radio… Viva. A Ambohitsorohitra, certains journalistes issus de médias trop critiques envers le régime sont refoulés.