mercredi , 24 avril 2024
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Si renverser un président élu était une bonne cause pour enfreindre la loi, critiquer un président non élu est naturellement interdit. Ceux qui ont bafoué la loi et l'éthique de la presse à Madagascar prétendent les défendre.

Super ministre de l’information de la HAT, encore un délit de press…ion

Le délit de presse du journaliste est une contribution à la démocratie dans un régime hors constitutionnel dirigé par une autorité de facto. Le délit de pression d’un ministre de la communication ou de l’information est une contribution au maintien de ce pouvoir illégitime, mais sur le point de devenir légal.

Faites ce qu’il dit, pas ce qu’il a fait

Comment est-il possible que l’un des acteurs du coup d’Etat médiatique de 2009 puisse avoir la moindre crédibilité quand il veut faire la leçon à ses anciens confrères. Le ministre de la Communication de la HAT et homme de main de la propagande du régime TGV n’arrête pas de réprimander les journalistes au nom de la loi qu’il n’a même pas respecté. Des journalistes qui ont fait pareil que lui ou même pas la moitié croupissent en prison à cause d’un délit d’opinion transformé en publication de fausse nouvelle. Il ne faut pas faire ce que le ministre a fait, mais suivre ce qu’il dit.

Jugement de valeur ?

Malgré le désaveu désastreux après la réunion des mouvances politique à Gaborone, Laurent Rahajason est persuadé que des journalistes font exprès de commettre des délits de presse pour déstabiliser le pouvoir. A l’époque, un journaliste de Midi-Madagascar était le seul à s’écarter du communiqué de la HAT et à refuser la connivence imposée par l’autorité de fait. L’information était sur le retour inconditionnel des exilés politiques. Le ministre de la propagande de la HAT a parlé d’une manipulation grossière et de publication de fausse nouvelle. Il a parlé de délit de presse et accusait ouvertement la directrice générale du quotidien, qui n’est autre que la femme de l’un des leaders de la mouvance Ravalomanana. Il a pratiquement traité le journaliste d’illettré qui n’était pas capable de comprendre un communiqué. La version officielle de décision de la SADC aura donné raison au journaliste qui n’a pas eu droit à une excuse publique du ministre.

Connivence et la complaisance, c’est la loi

Aujourd’hui, les critiques envers le président de la HAT sont de moins en moins tolérées. Laurent Rahajason fustige l’incompétence des journalistes qui ne recoupent pas leur information. Le problème est que, quand il s’agit de politique, le recoupement n’a rien de rationnel. Les faits n’existent pas à Madagascar, il n’y a que des commentaires et des suppositions. En rappelant les lois sur la communication, le ministre Rahajason veut dissuader les journalistes à commettre des actes de déstabilisation à travers la publication de nouvelles. La connivence et la complaisance sont des devoirs pour les journalistes malgaches en cette période de transition ; la critique et l’analyse sont une faute. Par exemple, dire que la feuille de route a enterré la constitution de la république reflète la logique sur le plan politique et juridique. Cela peut être un délit de presse !

Excès de zèle

Si les événements de 2009 avaient pour prétexte la fermeture de la radio du maire Andry Rajoelina qui a publié des nouvelles interprétées par le pouvoir de l’époque comme un appel à la rébellion et à la déstabilisation, la HAT a aussi fermé de nombreux médias. La violence policière en direct dans une station de radio ne peut être que l’œuvre d’une police d’Etat. Et qu’en est-il des médias pro-Rajoelina. Cela prête à sourire, le ministre Laurent Rahajason met en garde ses anciens compagnons qui s’écartent de la ligne éditoriale 100% connivence et complaisance. Les stations Viva sont toujours en guerre médiatique, sur la défensive avec autant d’excès de zèle qu’au début. Le vol de la couronne de la reine Ranavalona a été annoncé comme un acte de déstabilisation du régime en place. Est-ce qu’il y a une princesse qui veut devenir reine de Madagascar à la tête de cette étrange transition.

Le pouvoir aux mains des prédateurs de la liberté de la presse

Si cette période de transition était le moment idéal pour donner une liberté éditoriale à l’audiovisuel public, la HAT en a fait une station Viva Bis. Pis, un membre du cabinet du ministre joue au rédacteur en chef au desk de la télévision nationale. Et ils osent nous parler encore d’éthique. Une commission ad hoc a été mise en place pour recadrer les journalistes malgaches. On y retrouve les patrons de presse qui paient des salaires de misère et encouragent la pratique de l’enveloppe, un représentant des annonceurs à qui le ministre a donné une carte de presse exceptionnellement après avoir refusé d’en donner aux cyberjournalistes responsables de la non reconnaissance de la HAT par la communauté internationale, des journalistes doyens qui vivent toujours à une autre époque, et enfin des représentants de l’administration. Cette fausse commission de l’éthique sera un autre prédateur de la liberté de la presse à Madagascar.