mercredi , 24 avril 2024
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Ny Hasin’i Madagasikara s’insurge contre les projets de mise à disposition de terres agricoles à des compagnies étrangères par les autorités de la transition. Le parti vert estime que le cas de Varun est similaire à celui de Daewoo qui a servi de prétexte pour faire tomber l’ancien régime.

Terrains aux étrangers : le parti vert dit stop

Pour le premier parti écologiste de Madagascar, voir des terres aux mains des étrangers n’est pas un tabou mais il faut que toutes les conditions soient réunies. « Ce n’est pas le moment de louer ni de vendre des terres à des entreprises étrangères », a déclaré Saraha Rabeharisoa, présidente de Ny Hasin’i Madagasikara. Elle évoque une raison politique liée à la crise que traverse le pays. « Même si les cas de Daewoo et de Varun sont différents, on ne peut oublier les revendications des malgaches pour que l’on ne mette pas en vente les richesses nationales » a-t-elle ajouté.

Le parti vert souhaite que l’Etat se rétracte et réexamine à nouveau les conditions et les enjeux de la vente de terrains à des étrangers. « Il faut qu’on arrête tout parce que nous n’avons pas de politique foncière pour faire face à la pression foncière existant dans de nombreux pays du monde », explique Saraha Rabeharisoa. Pour le projet de Varun, la superficie n’est pas aussi importante que celle demandée par Daewoo. Elle s’étend sur quelque 230 000 hectares.

« Les trois-quarts de ces terrains appartiennent à des privées, on ne sait pas encore l’importance des avantages que la vente ou la location », souligne la présidente de Ny Hasin’i Madagasikara. En réalité, Varun loue des terres déjà exploitées à des paysans en versant à ces derniers un pourcentage des récoltes. Varun s’engage à acheter les productions et les agriculteurs malgaches à vendre, tout cela à un prix agréé. Les paysans peuvent garder une part pour leurs consommations.

L’affaire Daewoo a naturellement influencé l’opinion sur le sujet. Aujourd’hui, une quinzaine de groupements d’agriculteurs dans la région de Soafia conteste le projet de Varun. L’entreprise indienne était pourtant disposée à investir dans l’agriculture, sur fond  de crise alimentaire mondiale, en particulier du riz, du maïs et des lentilles. Pour le parti écologiste, toute exploitation à échelle industrielle de la terre est néfaste. Ny Hasin’i Madagasikara refuse de manière catégorique l’agribusiness, arguant que ce dernier ne profite qu’aux investisseurs. Le parti vert préconise l’agriculture contractuelle qui crée des revenus pour les ménages ruraux. 

A Madagascar, la mécanisation agricole n’est qu’à son balbutiement, cantonnée sur des sites pilotes. La faible capacité de production agricole a insisté les pouvoirs publics à mettre des terres cultivables à la disposition des entreprises étrangères. Ce n’est pas une vente définitive mais une mis en concession sur un bail emphytéotique. L’Etat central tout comme les collectivités devaient en récolter les retombées.

Le ministère chargé de la réforme foncière et du domaine du  temps du régime Ravalomanana avait autorisé le coréen Daewoo à faire une prospection sur une superficie de 1,3 million d’hectares pour un projet de culture de maïs dans le cadre d’un bail emphytéotique. L’opposition à l’époque a détourné l’information en affirmant sur la place publique que l’Etat a donné gracieusement la moitié des terres cultivables à une entreprise étrangères. La désinformation a fait son effet car elle touchait une corde sensible des malgaches : le caractère sacré de la terre des ancêtres.