mardi , 23 avril 2024
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L'épidémie de grippe a épargné la capitale. William Rajamaria, président du fokontany d'Antohomadinika Atsimo, un des fokontany les plus pauvres et les plus exposés à de tels fléaux explique.

Travail contre nourriture: bouclier des bas quartiers

Madonline: Quel est le bilan de l’épidémie de grippe dans votre circonscription?

W. Rajamaria: L’épidémie de grippe n’a pas sévi chez nous.

Madonline: Pourquoi?

W. Rajamaria: Parce que malgré la crise, le fokontany a continué les opérations d’assainissement et a été aux petits soins des plus démunis.

Madonline: Comment cela?

W. Rajamaria: Nous avons des médecins qui dispensent à moindre frais sinon gratuitement des soins aux indigents résidant dans le fokontany.

Madonline: Vous parliez d’opération d’assinissement; qu’est-ce que c’est et comment avez-vous pu mobiliser les habitants du fokontany alors qu’ils sont dans la pauvreté et qu’il fallait qu’ils travaillent pour trouver ce dont ils ont besoin pour leur survie?

W. Rajamaria: Depuis quelques années, nous travaillons en synergie avec les associations et Ong de développement et nous faisons partie du réseau de partenariat avec la Commune urbaine de la capitale et CARE international. L’assainissement consiste à curer, à nettoyer et à entretenir les canaux. On construit aussi des diguettes ou des passerelles. Actuellement, nous bénéficions de l’opération financée et pilotée par la SECALINE, un programme de la Banque mondiale et du gouvernement. Parallèlement, d’autres actions en faveur des enfants chétifs et des femmes enceintes sont mises en ?uvre par d’autres organisations ou programme.

Madonline: Pouvez-vous être plus explicite?

W. Rajamaria: Nous fonctionnons en système de haute intensité de main d’oeuvre. Elle est rémunérée en nature et/ou en argent selon le cas, mais toujours dans l’esprit du vivre contre travail. Dans le cas présent et pour 45 jours avec la SEECALINE, un ouvrier est payé 10 000 fmg par semaine soit 2 000 fmg par jour. Il perçoit en outre une ration alimentaire quotidienne composée de riz blanc, de l’huile alimentaire, des légumes secs et du savon de ménage. Ses enfants dans le besoin, âgés entre 6 mois et 6 ans, bénéficient d’une ration alimentaire d’appui qui leur est propre.

Madonline: Combien sont-ils ces ouvriers sur les chantiers?

W. Rajamaria: Ils sont résidents dans le fokontany et sont environ 200 personnes, les deux sexes confondus; ils travaillent par équipe de 14. Notez qu’ils subissent une visite médicale d’aptitude au travail avant l’embauche. Ceux qui sont inaptes sont pris en charge par un autre programme qui dispense des soins et des traitements à leur profit tous les mardis. Ceux qui tombent malades en cours de travail sont traités comme il se doit et jouissent de leur repos de maladie comme n’importe quel travailleur.

Madonline: Apparemment, ce sont tous des agents extérieurs qui agissent! Et cela donne l’impression que les pauvres du
fokontany vivent de l’assistanat.

W. Rajamaria: C’est votre avis! On doit pourtant admettre que la participation des bénéficiaires est obligatoire. Pour pouvoir prendre les repas proposés par les gargotes spéciales femmes enceintes initiées par le CEFFOR ? un autre organisme d’intervention dans les quartiers, il faut payer 1 000 fmg par semaine. Une participation modique à la mesure de la rémunération en numéraires que l’ouvrier perçoit par semaine. Par ailleurs, le fokontany a toujours procédé à des campagnes de soins médicaux gratuits durant la période des pluies, en plus des opérations de circoncision gratuites elles aussi. Sur ses fonds propres, le fokontany a érigé un bassin lavoir inauguré en novembre dernier. Pour cette année, nous prévoyons la construction de 2 bornes fontaines et d’un autre lavoir.

Madonline: Votre mot de la fin?

W. Rajamaria: Grâce aux actions entreprises par les organismes sociaux et de développement qui offrent du travail et leur contribution d’appoint à la nutrition, les pauvres des bas quartiers ont mangé convenablement. Heureusement, ils étaient toujours là pour accompagner le fokontany à traverser la crise et proposer ce système travail contre nourriture et/ou argent Leur organisme a présenté plus de résistance aux microbes et virus. Durant cette période, il faut vous dire qu’une marchande de cacahouètes des trottoirs gagnait à peine 2 500 fmg par jour; somme qui devait assurer tous les besoins de la famille, charbon, riz blanc, accompagnements, café, thé, sucre et autres savons.

Propos recueillis par RAW