vendredi , 19 avril 2024
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L’annonce du rapatriement groupé des travailleuses malgaches organisé par la HAT a créé un vent de panique chez les familles. Après avoir vu dans les médias des corps sans vie ou de jeunes femmes très malades sur les plans psychique et physique, les parents espèrent un retour des leurs en bonne santé. Ils font confiance au Syndicat des travailleurs sociaux plutôt qu’au gouvernement.

Travailleuses malgaches au Liban : un rapatriement enfin effectif ?

La ministre de la Population de la HAT semble débordée par la situation. Nadine Ramaroson qui a pris en main le dossier depuis plus d’un an n’a pas eu le résultat escompté. Le rapatriement de corps sans vie avec des causes de décès ne correspondant pas à l’acte officiel émis par les médecins ou autorités libanais ont révolté les familles. Si l’hécatombe a cessé, les derniers retours de jeunes femmes totalement ravagées, ont remis la pression sur le gouvernement. Celles-ci sont dans un état de végétation, incapable de se tenir debout ni de parler, laissant transparaître la gravité des sévices subis. 

En réponse, la ministre Ramaroson relance le projet de rapatriement par avion spécialement affrété par la HAT. Les autorités malgaches ont recensé quelques 512 compatriotes qui souhaitent rentrer du Liban. Le coût de l’opération s’élève à 300 millions d’ariary. Parmi les candidates au retour, une centaine sont déjà à Madagascar. Parmi elles, une quinzaine de jeunes femmes qui étaient emprisonnées  au Liban mais qui ont bénéficié d’un accord entre les deux pays pour une conduite hors des frontières.

Annoncé depuis plusieurs mois par le chef de l’autorité de fait, le rapatriement de travailleuses malgaches au Liban a été un échec. La faute à un manque certain de reconnaissance des autorités malgaches mais aussi à une certaine hésitation de ces travailleuses maltraitées à rentrer au pays. Au contraire, les agences de placement ont continué à envoyer des jeunes femmes au Liban malgré l’interdiction formelle du ministère de la Population.  Nadine Ramaroson promet de sévir. Début 2011, la HAT a gagné en considération et l’opération semble plus faisable. Elle reste compliquée. Un vent de panique est même constaté après l’annonce de la mesure.  

Le syndicat des travailleurs sociaux qui accompagne les jeunes femmes de retour au pays et leurs familles met la pression sur l’Etat. Il souligne que toutes les candidates au retour ne pourront pas embarquer à cause de la limitation des places dans un avion. « Les familles s’affolent car elles espèrent le retour de leur fille ou de leur femme », explique Jeannoda Ramandimbiarison. La présidente du Syndicat souligne la complexité des situations des jeunes femmes malgaches au Liban : « Il y a celles qui sont victimes de mauvais traitement mais qui sont toujours chez leur patron, d’autres ont changé d’employeur, certaines sont dans la rue ». 60 malgaches ont trouvé refuges chez un institut catholique en attendant leur rapatriement.

« Cette prise en charge de l’Etat est déjà une chose positive mais cela a besoin de préparation, reconnaît Jeannoda Ramandimbiarison. Il faut penser plus loin, comment va-t-on les envoyer dans les provinces, comment va-t-on résoudre le problème de la réinsertion sociale et professionnelle de ces jeunes femmes». Effectivement, l’expérience libanaise n’a pas été l’eldorado tant espéré pour nombre d’entre elles qui rentreront au pays sans un sou.

L’Etat malagasy promet une assistance juridique à ses ressortissantes. Les travailleuses sont liées à des contrats de travail. Elles devront prouver qu’elles sont victimes de sévices ou de mauvais traitement. Elles seraient plus de 5000 à travailler au Liban. La HAT est-elle prête à affréter dix avions ? La question est aussi d’améliorer le sort de celles qui veulent rester.