jeudi , 28 mars 2024
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La particularité du contexte socio-économique de Madagascar est un taux de chômage très bas, moins de 2% en zone rurale assortie avec une sous-occupation presque généralisée. La fête du Travail ne concernerait donc que les 600 000 salariés du secteur privé affiliés à la CNaPs et les 180 000 fonctionnaires. Quand on sait que l’âge des actifs est compris entre 5, oui c’est bien 5, et 64 ans, le secteur formel représenterait 5% de la population active. Le plein emploi est l’un des objectifs de développement associé à la réduction de la pauvreté extrême. Il est aussi un défi pour les jeunes qui arrivent sur le marché du travail.

1er mai : l’emploi pas à la fête

Que signifie le mot « travailler » pour les Malgaches ? Non, ce n’est pas forcément avoir un métier, ce serait plutôt gagner de l’argent pour subvenir à ses propres besoins et à ceux de sa famille. Ainsi, le travail dépasse naturellement le cadre formel des entreprises même si, de facto, les travailleurs dans le secteur informel sont des salariés payés par un patron. A Madagascar, le ratio emploi/population, c’est-à-dire la capacité de l’économie du pays à pourvoir des emplois aux populations est de 83%. Ce chiffre flatteur cache cependant une réalité propre aux pays en voie de développement : le sous-emploi, les travailleurs pauvres, et la précarité des emplois.

Les études de l’INSTAT en 2012-2013 ont relevé un taux de 68% de la population occupée disposant de moins de 1,25 dollar PPA par jour, le seuil international de l’extrême pauvreté, soit 610 000 Ar/an/personne. On peut en conclure que 7 actifs occupés sur 10 n’ont pas un travail décent. La hausse des salaires parait importante en termes de pourcentage, mais le niveau salarial peu élevé la rend insignifiante face à l’inflation. En 2012, le revenu salarial moyen est de 151 000 Ar par mois alors que le chômage n’est que de 1,7% au niveau national et 4,5% en milieu urbain.

Le travail décent est donc le réel enjeu de la lutte contre la pauvreté. On note aussi dans le pays qu’un enfant sur quatre est économiquement actif en milieu rural en aidant ses parents dans le cadre d’une activité agricole du ménage. L’activité économique en parallèle avec l’école concerne 1 enfant sur 7 en milieu urbain.

La valorisation de l’emploi est donc le seul moyen pour réduire la pauvreté de manière efficace. A part le niveau salarial très bas, 90% de la population active ne bénéficient pas de protection sociale. Une réforme de la prévoyance sociale par l’Etat vise à inclure les agriculteurs, les travailleurs indépendants et la profession libérale dans le système afin de multiplier par 4, dans un court terme, le nombre d’affiliés à la sécurité sociale et à une caisse de retraite.

Chaque année, quelque 300 000 jeunes diplômés ou non arrivent sur le marché du travail. « Les jeunes ont tendance à postuler pour des postes qui ne correspondent pas à leur qualification, soit ils visent trop haut, soit ils se croient obligés de viser très bas pour être embauchés», a déclaré un DRH, dans le cadre d’un salon sur l’emploi. Les entreprises constatent le décalage entre le savoir-faire des sortants des établissements de l’enseignement supérieur et les exigences des postes proposés.

Ainsi, il est de plus en plus difficile pour un jeune de trouver un premier emploi, les recruteurs privilégiant l’expérience. Le déficit en termes de qualification est flagrant dans le secteur industriel. Le salarié malgache perd son avantage comparatif lié à un salaire accessible à cause d’un rendement productif moyen. Au final, le coût unitaire du travail est plus élevé qu’ailleurs.