Mieux vaut tard que jamais, l’Instat lance l’enquête par téléphone. Pas question de sélectionner des interviewés dans l’annuaire, l’échantillon a été établi selon la méthode conventionnelle. « Il y aura 2000 téléphones portables à distribuer, explique le Directeur général Paul Ravelomanantsoa. C’est à partir de ces téléphones que l’on va faire des enquêtes pour connaitre la vie des Malgaches ».
L’Instat économise du temps et de l’argent en choisissant de faire les entretiens par téléphone. Il n’y a pas d’enquêteurs sur le terrain, ni documents à rassembler et à contrôler. La saisie est centralisée. Au sein de chacun des 2000 ménages, il y aura un correspondant qui doit être âgé de plus de 18 ans. Il sera appelé tous les mois pour un entretien. « On ne dépasse pas les 20 minutes par ménage, par mois, cela ne remplace pas les enquêtes habituelles de l’Instat », a précisé le Directeur général.
Cette enquête est financée par la banque Mondiale à travers le PGDI. Les thèmes traités porteront sur la gestion du ménage, la santé, l’éducation, l’emprunt et l’emploi. « C’est pour savoir la réalité à Madagascar pour les bailleurs de fonds et pour le pouvoir central, explique le Directeur général du PGDI, Serge Radert. C’est la connaissance de la réalité qui détermine la politique et la gouvernance à appliquer ».
L’étude porte sur la vie de la population, le mode de vie et les problèmes rencontrés par les ménages. Un constat a été soulevé par les bailleurs de fonds : les financements ne correspondent pas souvent au vrai problème rencontré par la population. L’enveloppe budgétaire allouée par la Banque mondiale s’élève à 230 000 dollars. Les téléphones portables et les kits de recharges solaires ne seront pas récupérés.
Etre pauvre sans le savoir
L’enquête nationale de l’Instat sur le suivi des OMD 2012-2013 a mis en lumière les ravages de la période de transition politique dans le pays. Madagascar n’atteindra pas les objectifs du millénaire pour les échéances 2015. Le taux de pauvreté a nettement augmenté pour atteindre 76,5%. Dans les meilleures années sous le régime Ravalomanana, ce taux était descendu à 68%, même s’il était de 80% en 2002, une année de crise politique. La particularité de la situation actuelle est que 60% des pauvres ne pensent pas l’être !
Techniquement, un individu vit sous le seuil de la pauvreté quand il dispose de moins de 2 dollars par jour pour vivre. Madagascar est nettement en retard sur les objectifs n°1 ou la réduction de l’extrême pauvreté et la faim, ainsi que le n°5 sur l’amélioration de la santé maternelle. Le DG de l’Instat estime qu’une prise de conscience sur la réalité de la pauvreté est nécessaire. Selon Paul Gérard Ravelomanantsoa, si une personne ne sait pas qu’elle est pauvre, elle ne fera pas le nécessaire pour améliorer sa situation. Il explique qu’il faut une croissance économique de 8% et une répartition équitable des richesses pour réduire la pauvreté dans le pays.