dimanche , 6 octobre 2024
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Le retour de l’éligibilité de Madagascar à l’AGOA pour bénéficier des avantages préférentiels accordés par les Etats-Unis sur l’exportation de produits textile et habillement a été une bonne nouvelle. Annoncée le 26 juin 2014 par le président Barack Obama, cette décision tant réclamée ces 5 dernières années est-elle toujours aussi importante ? Le marché de l’Africa growth opportunity act prendra en effet fin en septembre 2005. Madagascar n’aura donc que 9 mois pour en bénéficier à moins que le projet ne soit reconduit par le gouvernement américain. Les autorités malgaches comptent mettre en œuvre des mesures pour relancer le secteur textile, de concert avec les industriels

AGOA : l’industrie textile malgache doit redevenir compétitive

Washington a attendu des signaux forts sur le retour effectif de la démocratie pour rendre Madagascar éligible à l’AGOA. La mise en place du nouveau gouvernement et de l’Assemblée nationale a été l’élément moteur sans oublier l’orientation politique du président Rajaonarimampianina. Le régime a tourné la page du coût d’Etat de 2009 et de la Transition de facto. Il reste surveillé sur les questions de la liberté et des droits de l’homme.

Sans attendre, la partie malgache prépare ce grand retour prévu en janvier 2015. Le ministère de l’Industrie mobilise les acteurs du secteur textile pour le marché américain. Des changements immédiats sont programmés pour ce qui est des réglementations, notamment le décret d’application de la loi sur les zones et entreprises franches, ainsi que le code des investissements. Tant que le marché n’est pas renouvelé pour aller au-delà de 2015, il sera difficile de convaincre de nouveaux investisseurs à s’implanter à Madagascar.

Selon le Directeur Exécutif du Syndicat des Industries de Madagascar, le secteur textile a bien survécu à la suspension de l’Agoa, car il y a d’autres marchés, en particulier l’Europe et l’Asie. Si les entreprises ont fermé leur porte, c’est pour aller s’implanter sous d’autres cieux. Elles ne sont d’ailleurs que 22 à ne pas survivre à la fin des commandes venant des Etats-Unis. Le véritable intérêt de l’Agoa est l’embauche de salariés pour réaliser ces grosses commandes. On parle tout de même de 200 000 emplois.

Il faudra former cette main-d’œuvre, ou la recycler dans le cas où les victimes de la crise 2009 reviennent à l’usine. « La formation joue un rôle central du fait des spécifications techniques assez strictes sur le textile/habillement dans les principaux pays d’importation, affirme l’économiste Adamason Solofonirina. L’absence de structure de formation pouvant prendre en charge les besoins du secteur, gêne son expansion et sa productivité ». La compétitivité de Madagascar souffre d’ailleurs du manque de qualification de la main d’œuvre.

D’après Adamason Solofonirina, économiste au CREAM, « la compétitivité résulte de deux éléments : le coût des facteurs et la productivité des facteurs de production. L’un des critères de choix des chaînes globales d’achat dans le commerce mondial du textile/habillement, pour les fournisseurs venant des pays en développement comme Madagascar, est d’avoir des produits standardisés, avec de très fortes exigences en termes de spécifications techniques et de qualité des produits échangés ». Les investisseurs se posent des questions sur l’impact du salaire très accessible quand le rendement est moyen.