mardi , 23 avril 2024
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Le ministre des Finances et du Budget est convaincu que les partenaires et bailleurs de fonds vont débloquer les aides budgétaires en 2010. Hery Rajaonarimampianina justifie par cette simple conviction la prise en compte de cette manne financière dans le budget de l’Etat. Dans le cas contraire, l’administration pourra toujours survivre puisque les recettes permettront d’assurer un minimum vital.

Aides budgétaires : la spéculation du ministre Rajaonarimampianina

En abordant 2010, le grand argentier de la HAT est confiant quant à une sortie de crise. Cela commence bien évidemment par une issue politique. Le ministre des Finances et du Budget est persuadé que l’organisation d’une élection législative par les autorités de fait va débloquer la situation. « La crise ne va pas durer toute l’année 2010, affirme Hery Rajaonarimampianina. La reconnaissance internationale sera acquise et cela entraînera le déblocage des aides budgétaires ».

Habitués à faire des souhaits « autoréalisateurs », les membres de la HAT et du gouvernement ont eu jusqu’ici peu de chance dans leur prédiction. Quand il s’agit du ministre des Finances, cela relève de la spéculation. Obligé à présenter un budget de bonne facture pour rassurer l’opinion, Hery Rajaonarimampianina mise sur un facteur politique loin d’être garanti. C’est un peu la loterie mais les chances de gagner existent forcément. En tout cas, les observateurs s’étonnent de ce manque de pragmatisme dans la confection d’un budget en décalage avec la réalité.

Un budget 2010 sans les aides internationales n’est certainement présentable. Au risque de faire de la propagande économique, le ministre des Finances les a intégrées dans le premier projet de loi des finances adopté par une ordonnance et qui a reçu la caution de la Cour constitutionnelle en terme de légalité. Or, si le déblocage des aides extérieures est attendu après les élections législatives, le vote d’une loi rectificative des finances par l’Assemblée nationale aurait permis d’intégrer ces financements extérieurs.

Cet argent virtuel qui gonfle le budget de l’Etat en 2010 s’élève à 1200 milliards d’ariary. « La moitié, les 600 milliards d’ariary, est une aide non remboursable et l’autre moitié un emprunt », devait préciser le ministre des Finances. Ces financements extérieurs sont surtout investis dans les projets de développement. Ils sont gérés par la partie malgache et figurent dans les budgets alloués aux ministères concernés. Déjà en 2009, ces fonds ont fait cruellement défaut, ayant un impact négatif sur la croissance économique et sur le développement des régions.

L’Etat peut toujours fonctionner sans les aides budgétaires qui représentent tout de même 60% du budget. Avec les recettes internes, fiscales et douanières principalement, l’administration peut assurer son fonctionnement même si elle doit modérer son train de vie. La politique d’austérité est toujours de rigueur pour 2010. Le paiement des salaires des fonctionnaires est assuré. Le gouvernement s’est même permis d’appliquer quelques détaxations, à l’exemple de l’exonération de taxes sur les matériels agricoles. Le maintien de la suppression des visas touristiques représente un gap d’environ 20 milliards d’ariary mais cela en vaut la peine pour relancer un secteur en berne.

Le ministère des Finances a fêté avec faste le nouvel an. Quelque 2000 agents et cadres ont été invités à faire la fête dans un espace aussi somptueux que neuf sis à Ivato. C’est mal parti pour la politique d’austérité mais le ministre Rajaonarimampianina a rassuré sur le fait que la caisse de l’Etat est bien fournie, si telle a été son intention.