jeudi , 28 mars 2024
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Air Madagascar a repris de l'altitude en dépit de l'annulation de 900 vols et une baisse de 66% du trafic passagers.

Air Mad : 900 vols annulés mais la tête haute

Après l’immobilisation du Boeing 767-300ER par son propriétaire, la compagnie a connu
bien d’autres problèmes comme la pénurie de carburant et l’impossibilité de l’exploitation sur bon nombre de destinations qu’il s’agisse de vols nationaux, régionaux ou internationaux. Au total, 900 vols tous réseaux confondus ont été annulés. Sur le plan social, la crise n’a pas encore eu d’impacts sur les salaires des employés de la compagnie Air Madagascar. L’enveloppe salarial constitue 8 à 9 % des charges de la société, soit environ 450’000 Euros (2,7 milliards Fmg).

Le retour du Boeing 767- 300 a permis le rerouting des passagers, occasionnant des coûts supplémentaires, pour les vols à destination de l’Europe et de l’Asie via La Réunion et Maurice afin d’éviter l’isolement de la Grande Ile. Malgré le retour de l’exploitation du vol direct vers l’Europe avec la compagnie Blue panorama, les résultats d’Air Madagascar est sans appel : diminution très importante du trafic que ce soit en passager qu’en fret au premier semestre 2002 par rapport à la même période en 2001.

Diminution de 40,7% du trafic fret

Le trafic global est de 100’000 passagers contre 300’000 les six premiers mois de l’an 2001, soit une baisse de 66%. Pour les vols vers l’Europe, 11’500 ont été enregistrés cette année, soit une baisse de 68%. La destination Asie a le plus souffert avec un diminution de 73% du nombre de passagers qui ont été au nombre de 2’300 au premier semestre 2002. La non libre circulation s’appliquait par ailleurs au réseau aérien national durant la période de tension politique puisque la baisse des fréquentation est tout aussi catastrophique avec -71% pour seulement 61 500 passagers ayant emprunté les vols intérieurs.

Le trafic fret a aussi connu une baisse considérable même si les pourcentages sont moins alarmants. Le trafic global a été de 2 122 tonnes au premier semestre 2002 contre 3 580 tonnes pour le même période en 2001, soit une baisse de 40%. La plus grosse perte provient des liaisons avec l’Europe qui n’ont permis que le transport de 390 tonnes de marchandise contre 1 360 tonnes en 2001, soit une diminution de 71%. Le réseau intérieur a été quasiment préservé avec une petite baisse de 11%. Ceci s’explique par le boom conjoncturel du transport de matières premières pour les entreprises de la capitale par voie aérienne, les routes nationales ayant été inaccessibles.

Privatisation reportée

« Il est toujours urgent pour Air Mad de payer les fournisseurs, en priorité les partenaires qui offrent des services au quotidien », souligne Rolland Ranjatoelina. Les impayés de la compagnie sont déjà passés de 23’000’000 Euros (140 milliards Fmg) à moins de 17’500’000 Euros (105 milliards Fmg). Elle doit aussi s’acquitter des frais d’assurances qui s’élèvent à 4’750’000 Euros. La reprise de l’activité par la compagnie a été possible grâce notamment au concours du vice-premier ministre chargé des Finances et du Budget, Narisoa Rajaonarivony. Ce dernier a débloqué 1’620’000 millions d’Euros, en effectuant une comptabilité croisée avec l’argent de l’Etat au sein de la compagnie d’assurance Aro. Une deuxième tranche est prévue pour fin juillet. La santé financière de la compagnie n’est pas encore rassurante même si elle commence à sortir la tête de l’eau. En 2000, Air Madagascar avait accusé un déficit de 10 millions d’Euros (63 milliards Fmg).

« Air Madagascar n’est pas à vendre pour le moment » a réitéré l’Administrateur Délégué. La compagnie avait été estimée à 150 millions d’Euros. Avec ses 18 millions d’Euros de dettes actuelles, elle pourrait perdre la moitié de sa valeur. « Pourquoi vendre si l’on ne pourra pas en tirer de profit », s’est-il posé la question. Dans trois ou cinq ans, la compagnie pourrait retrouver sa valeur d’il y a six ans a affirmé Rolland Ranjatoelina.