L’appareil appartenant à la compagnie méditerranéenne Blue Panorama a décollé de Milan en Italie pour destination finale Antananarivo, à son bord un peu plus de 200 passagers. L’administrateur délégué d’Air Madagascar, Roland Ranjatoelina a pris ce vol via l’Europe. Il s’est montré satisfait de ce premier essai. L’avion de la compagnie Blue Panorama avait deux jours de libre par semaine, explique Roland Ranjatoelina. Le vol MD 055 décolle de Milan lundi pour une escale à Paris. Il quitte la capitale française le même soir, à 00 h 30. L’appareil atterrit à Ivato Antananarivo mardi 15 h 20 pour repartir 3 heures plus tard (17 h 20). Le vol MD 054 à
destination de Milan fait une escale d’une demi-heure à Paris, mercredi à 05 h 15 et atterrit en Lombardie vers 08 h 15. Ces vols hebdomadaires sont programmés chaque début de semaine jusqu’au 10 septembre 2002.
L’objectif de cette reprise d’activité n’est pas seulement la rémunération de l’exploitation mais surtout de retrouver la capacité de négociation. Le nouvel Administrateur délégué a encore connu des problèmes pour ce qui est de la représentation légale de la compagnie. Les autorités aériennes françaises avaient été informées par l’ancienne direction générale de « l’irrégularité » de la nomination de Roland Ranjatoelina. Ce dernier a pu toutefois attester de sa légalité. Certains partenaires d’Air Madagascar, dont le propriétaire de l’avion bloqué à Paris, auraient déjà rétabli le contact pour de nouvelles négociations. Pour assurer les vols internationaux durant cette saison haute, d’autres appareils pourraient être loués par la compagnie avec des équipages malgaches à bord.
Comme Air Madagascar a beaucoup de dettes, l’affrètement à coût complet a été préféré pour ce début de reprise des vols internationaux. Toutes les charges d’exploitation, dont le carburant et l’équipage reviennent au propriétaire qui est aussi dans l’obligation de payer des droits à Air Madagascar. La reprise devra se faire par étape avant de retrouver la fluidité de la circulation aérienne. Le dernier vol de la compagnie nationale pour l’Europe est daté du 17 février dernier. La société de leasing a, à cette époque, immobilisé à Paris le Boeing 767 que Air Madagascar louait. Pour relier la Grande Ile avec l’Europe, un accord a été passé avec la compagnie Air Liberté, avec une correspondance à l’Ile de la Réunion.
Dettes et privatisation
Les dettes d’Air Madagascar s’élèvent à environ vingt millions de dollars, soit autour de 150 milliards de Fmg, révèle le ministre des Transports, de la Météorologie et du Tourisme, Olivier Rakotovazaha. Les résultats financiers n’ont pourtant pas été mauvais, avec 64 milliards de bénéfices réalisés en 1999. La dette de la Compagnie aérienne malgache auprès d’Air France avoisine les 7 millions d’euros. Elle doit aux autres compagnies auxquelles elle loue des appareils une bagatelle de 3,5 millions de dollars. Lors de la fermeture de l’aéroport international d’Ivato au début de la crise, on chiffrait le manque à gagner à 2,8 milliards Fmg par jour. En tant normal, la compagnie a une charge fixe journalière de 500 millions Fmg.
« Air Madagascar ne sera pas vendue ». Le ministre Olivier Rakotovazaha a fait cette déclaration mardi 07 mai alors qu’il honorait une cérémonie de remise de médailles et décorations à 95 employés d’Air Madagascar à Ivato. La privatisation des grandes sociétés d’Etat sont à la clé des conditionnalités de la Banque mondiale pour bénéficier de la deuxième tranche du second Crédit d’ajustement structurel (CAS II). L’administration Ravalomanana choisira sans doute une formule qui permettra aux opérateurs malgaches de garder le contrôle de ce « patrimoine national ». Il pourrait s’agir d’une vaste restructuration financière et d’une gestion privée sans aucune ingérence de l’Etat, à condition toutefois qu’un investisseur stratégique figure parmi les repreneurs.