jeudi , 18 avril 2024
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Alors que le président de la République prévoit un double rendez-vous avec les avionneurs Airbus et Boeing, le personnel de la compagnie Air Madagascar n’y voit aucun espoir, encore déçu et traumatisé par le bras de fer perdu contre le gouvernement qui s’est interposé pour défendre selon les manifestants les intérêts d’Air France. Pour ce qui est de la classification de la compagnie nationale dans l’Annexe B des autorités aériennes européennes, le fond du problème serait la politique d’acquisition d’appareils pour la flotte qui a un impact sur l’exploitation commerciale.

Air Madagascar : le malaise n’est pas dissipé

« Si le mouvement a été en échec, la revendication des salariés n’était pas totalement injustifiée », se confie un salarié d’Air Madagascar qui revient sur la zone de turbulence que la compagnie aérienne vient de traverser. « Les gens croyaient qu’on se battait contre Air France, ce n’était pas vraiment le cas, continue-t-il. En réalité, le but était de sensibiliser le gouvernement pour qu’il défende les intérêts de la compagnie nationale et non pas celle des français ». Pourquoi autant de subtilité alors qu’il est désormais question de survie ? « La France à travers ses compagnies aériennes est en train de faire main basse sur le marché d’Air Madagascar, c’est notre gouvernement qui devrait mettre fin à cette hégémonie. Apparemment, le message n’est pas passé ».

Le débat tournait pourtant autour de l’Annexe B dans laquelle une quelconque responsabilité de la France avait été balayée d’un revers de la main par le ministre malgache des Transports. « Qui a intérêt à ce que Air Madagascar ne puisse pas assurer des vols vers l’Europe ? C’est bien Air France », révèle notre source qui a tenu à garder l’anonymat. Il déplore que la plupart des liaisons vers l’Europe soient monopolisées par les français. « Il y a un autre danger qui n’est pas assez mis en lumière. La France à travers ses compagnies est en train d’accaparer les liaisons vers les villes autres qu’Antananarivo. Pour joindre Mahajanga, Fort-Dauphin, Toamasina et Antsiranana, les touristes n’auront plus besoin de passer par la compagnie locale ».

L’aversion des pilotes et des salariés d’Air Madagascar pour les appareils Airbus ne date pas d’aujourd’hui. Le choix de l’Avionneur français a toujours été considéré comme une décision politique, surement pas technique encore moins commerciale. « Ce n’est pas normal que nous acceptons de vieux appareils avec une petite capacité, à fort coût d’exploitation et qui de plus tombent souvent en panne, s’emporte le salarié militant. On rate un ou deux vols et qui vient à la rescousse pour transporter les passagers, c’est Air France qui envoie un de ses… Boeing » ! Il y a de quoi devenir paranoïaque : « tant que nous achetons de vieux Airbus auprès de la France, on a peu de chance de sortir de l’Annexe B ».

Quand c’est le président de la République qui va à la rencontre des avionneurs pour négocier d’éventuels achats d’appareil, la décision est forcément politique. Faut-il s’étonner si la compagnie nationale achète des avions d’ancienne génération peu rentables, un quadriréacteur qui a une faible capacité en termes de passagers, par exemple. D’ailleurs, l’administration d’Air Madagascar est totalement politique, puisque c’est le pouvoir en place qui s’approprie l’entreprise. Alors, Airbus ou Boeing pour la compagnie « Hery Madagascar » ?