jeudi , 18 avril 2024
enfrit
Sur la route de Mahajanga (deuxième port de la Grande Ile à l'ouest d'Antananarivo), Ankazobe crie depuis longtemps son désespoir. L'insécurité y règne en maître. Et pourtant, la région ne manque pas de potentialité.

Ankazobe : une bourgade pleine de potentialité en quête de sécurité

Ankazobe, une bourgade de plus de 110.000 habitants, à 95 kms au nord ouest  d’Antananarivo, la capitale de Madagascar. Les anciens aiment raconter que durant la colonisation, un béryl « si lourd que huit personnes devaient le soulever » se trouve encore aujourd’hui exposé dans un musée en Allemagne. « Ankazobe est une zone à potentialité minière et aurifère », rapporte Razafindrasata Andriafaniry Roméo, président de l’association Cercle des Amis de Vonizongo (CAV-EPI).


Au début des années 90, un béryl estimé à plus de 1 milliard de Fmg (154.000 euros) a pu quitter Ankazobe sans qu’aucune redevance ne soit entrée dans la caisse de la commune, déplore les responsables communaux. Selon Razafindrasata Roméo, le sol de la région recèle des richesses encore inexploitées et parfois non-identifiées ou plutôt tenues au secret. Comme dans l’ensemble de l’île, l’exploitation se déroule le plus souvent dans une anarchie.  L’association qu’il dirige entend sensibiliser les exploitants à intégrer le cadre légal (administratif et commercial formel) dans le cadre du Projet de réforme du secteur minier mené par le ministère de l’Energie et des mines. Le 23 décembre 2002, le Cap-Evi organise avec les différents acteurs  du secteur le 4ème Marché minier et Or où les acteurs auront l’occasion de renforcer les relations interprofessionnelles existant, de professionnaliser les petits mineurs, d’organiser en amont et aval la filière.


L’objectif étant entre autre d’inciter les investisseurs à venir et de créer une entente mutuelle positive et constructive entre tous les acteurs. Contrairement à d’autres régions de l’île qui sont devenues de véritables cités minières après un rush digne d’un western, le Vonizongo semble faire de l’exploitation minière une seconde source de revenu. Du moins jusqu’ici.  Au mois de juillet 2002, la découverte d’un rubis a pourtant créé un rush vers la région qui n’a pas délaissé sa principale source de subsistance: l’agriculture et l’élevage. Et ce, même si en vingt ans, le nombre de zébu est passé de 200.000 têtes à 30.000. Le zébu est d’ailleurs la principale cause d’insécurité dans cette région où les « Dahalo » (voleurs de zébus) font presque la loi. Cette perte est estimée par Razafindrasata Roméo à plus de 170 milliards de Fmg (26.653.000 euros).


Par ailleurs, la surface cultivable s’amenuise sensiblement. C’est une conséquence de l’insécurité qui règne dans la région. Une quarantaine de village aurait été abandonnée. La population s’attend à ce que les pierres précieuses n’aggravent leur problème. A chaque occasion, elle tente de faire rappeler aux autorités centrales leur désarroi face au phénomène dahalo. Elle espère aujourd’hui que le représentant qu’elle vient d’élire à l’Assemblée nationale saura défendre sa cause.