Le retard n’aura finalement été que de 2 à 3 jours. Les agents de l’Etat et les retraités de la fonction publique pourront percevoir leurs soldes ou pensions pour ce mois de février 2012. Ce paiement a été remis en cause par la grève des employés de la Banque Centrale.
Le Trésor public a pu réunir les fonds nécessaires. « Il y a 140 agences dans le réseau du Trésor, on a fait transférer l’argent entre les agences », explique le Directeur général, Orlando Robimanana. « Ce n’est pas juste que nous qui sommes propriétaires de l’argent souffrons de cette situation, dit-il. L’argent qui est à la Banque centrale n’appartient pas aux agents ni au gouverneur ».
Les grévistes de la Banque Centrale ont perdu un moyen de pression immédiat. D’un autre côté, ils ont évité de passer pour les méchants, ce qui aurait pu remettre en cause leur lutte. Le discours a baissé d’un ton, l’éviction du gouverneur semblant de plus en plus inéluctable. « Fréderic Rasamoely veut bien faire la passation de service, mais dans les règles de l’art », a concédé le porte-parole des employés.
« Dans les règles signifie le respect du statut de la BCM » a-t-il ajouté. Ny Aina Razafindrakoto fait à peine référence à l’illégalité de la nomination du Directeur général adoubé par la HAT et son ministre des Finances. Guy Ratovondrahona n’a pas été proposé par le Conseil d’Administration comme le stipule le Statut.
En imposant un de ses pions au poste de DG de la Banque centrale, la HAT a prévu le coup et a fait preuve de patience. « Il y a déjà eu un décret 2011/038, en janvier 2011 portant abrogation au motif de fin de mandat de la nomination du gouverneur de la Banque centrale », a révélé le ministre Hery Rajaonarimampianina.
« Il n’y a pas à répéter une deuxième abrogation. L’intérim qu’on lui a confié, durant deux fois six mois, est terminé » a-t-il continué. Il a donc suffi au ministre des Finances de notifier par lettre le gouverneur de la BCM qu’il a été retiré de ses fonctions.
Dès 2009, la HAT a voulu prendre le contrôle de la Banque Centrale. En 2011, malgré la fin du mandat du gouverneur, l’autorité de facto ne pouvait risquer de virer le gouverneur, car le régime issu du coup d’Etat n’était pas reconnu sur le plan international alors que des avoirs de la BCM se trouvent auprès d’instances financières étrangères. Elle s’est contentée d’installer son homme en tant que Directeur général, se passant de la proposition du Conseil d’Administration prévue dans le statut de l’institution.
En 2012, la reconnaissance internationale n’est pas encore acquise mais le gouvernement d’union nationale pourrait légitimer la prise de contrôle de la BCM. Le premier ministre Omer Beriziky n’est pas pour le moment concerné. La HAT a surtout besoin d’avoir à sa disposition de l’argent pour régler les conflits sociaux qui paralysent différents appareils de l’Etat. Reste à savoir si Andry Rajoelina sera toujours le seul dépositaire des dépenses publiques.
Les grévistes de la BCM, qui assure toujours une partie de ses activités, ont dénoncé le retrait suspect de 10 milliards d’ariary. « Non à la réquisition », ont-ils protesté. « C’était pour payer une facture de la Jirama », s’est justifié le ministère des Finances. Sans une passation avec le gouverneur, le Directeur général « illégal » risque de ne pas être reconnu. Un cas de figure propre à la HAT.