Au départ, la COI était une organisation de coopération régionale voulue par l’Union Européenne qui souhaitait regrouper par zone les pays de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. L’intégration économique se dessinait après la libéralisation de l’économie à Madagascar. Elle a été marquée par l’implantation d’entreprises mauriciennes de textile bénéficiant d’un régime de zone franche au début des années 1990, illustrant la nouvelle coopération industrielle et commerciale dans la région. Il n’était pas question de zone de libre-échange ni d’union douanière. Le modèle d’intégration commerciale à l’européenne n’était pas forcément approprié vu que les îles de la COI s’échangent très peu entre eux, soit moins de 10% du volume d’exportation de chaque pays. En 1995, Madagascar bénéficiait du Programme régional intégré de développement des échanges dont le but est l’instauration d’une ZLE après que le projet économique a supplanté le projet politique. Le coordinateur régional de Pride de l’époque estime qu’il ne fallait pas se lancer dans l’intégration régionale si on n’est pas prêt. Selon Henry Rajeriarison, « le gouvernement malgache n’a pas pris les mesures d’accompagnement nécessaires ».
Des projets de compagnies aérienne et maritime régionales
Parmi les grands chantiers de la COI, la compagnie aérienne régionale rencontre de la résistance. Les pays membres sont réticents à fusionner et à y laisser le prestige de leur compagnie nationale portant le nom du pays tel que Air Madagascar, Air Mauritius ou Air Seychelles. Or, ces compagnies risquent de rencontrer des difficultés sur le plan commercial face à la concurrence des low costs. Le but de la fusion est non seulement d’améliorer le service mais aussi de faire baisser les prix. Le nerf de la guerre est la réduction du coût d’exploitation qui grève la rentabilité. La COI projette aussi de créer une société de cabotage pour assurer le transport de marchandises entre les îles. Madagascar n’a pas montré le même intérêt que Maurice et Seychelles vu que les exportations intrarégionales ne sont pas encore développées. Les choses risquent pourtant de changer quand le projet grenier de l’Océan Indien sera mis en place.
Madagascar au cœur de la sécurité alimentaire de la zone OI
C’est le ministère de l’Agriculture de Madagascar qui a formulé une demande de financement auprès de l’UE pour des projets d’agriculture intensive et moderne dans 4 régions du pays. Il y sera planté des produits à destination de la COI, à savoir du riz (180 000 t), du maïs (200 000 t), des grains secs (18 000 t) et de l’oignon (28 000 t). La demande n’est pas si énorme que cela, mais il faudra aussi assurer l’autosuffisance alimentaire de la Grande Ile et satisfaire un besoin interne qui dépasse de 10 à 15% sa production de 3,5 millions de tonnes de riz/an. Le coordonnateur des programmes au sein du ministère de l’Agriculture relativise en rappelant que le pays a toujours exporté du riz même s’il en importait. « Ce grand projet avec l’UE permettra d’améliorer le rendement et d’augmenter la surface cultivée grâce notamment à l’irrigation », précise Bruno Rakotomahefa. Pour le moment, les pays de l’OI importent leur riz de pays asiatiques. La Réunion se fournit en Thaïlande, Inde, Pakistan, Vietnam et Cambodge alors qu’elle fortement intéressée par le riz biologique de Madagascar.