samedi , 20 avril 2024
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Un débat national pour évoquer l’AGOA, c’est un peu faire le médecin après la mort mais l’idée fait son chemin. Les autorités de la transition essaient de minimiser l’impact économique et social de la mise en écart de Madagascar.

Fin de l’AGOA : les autorités de la transition ne voient pas rouge

Ce n’est pas grave ! L’excès d’optimisme affiché par les autorités de transition concernant la perte de l’AGOA est déconcertant. Si la propagande économique est une pratique courante depuis la crise politique dans le pays, la pilule est cette fois-ci un peu trop grosse. Les statistiques annoncées sont censées rassurer l’opinion. L’AGOA, cette opportunité donnée aux pays africains d’exporter vers les Etats-Unis en bénéficiant d’une franchise douanière, ne concerne que 37 sociétés. Cela représente moins de 50 000 emplois directs et environ 100 000 emplois indirects. L’exportation vers les Etats-Unis via l’AGOA ne représente que 2,7% des recettes de l’Etat et seulement 0,5% en termes de taux de croissance. Les autorités reconnaissent toutefois que la fin de l’AGOA sera plus conséquente sur les exportations du pays, moins  20%, et la rentrée de devises.

Le ministre de l’Economie de la HAT, Richard Fienena, a été un temps sur la sellette car on lui avait confié la mission de persuader les autorités américaines de la légitimité du maintien de Madagascar parmi les bénéficiaires de l’AGOA. L’entreprise ayant échoué, il a été critiqué par son propre camp. Le ministre Fienena avait eu la maladresse de reconnaître que le problème relevait exclusivement de la politique. Du coup, le dossier AGOA a été plus que jamais ressenti comme étant un moyen de pression contre les autorités de fait. Le ministre de l’Economie prétend que le président  de la HAT a déjà prise une mesure pour résoudre la suspension de l’AGOA par l’annonce des élections législatives pour mars 2010.

Richard Fienena est chargé de jouer les pompiers afin d’éviter une explosion sociale après la fermeture des sociétés dont les activités d’exportations sont tournées vers les Etats-Unis. Le ministre de l’Economie promet d’étudier toutes les possibilités afin de trouver une solution. Un discours peu réaliste qui a du mal à rassurer les nouveaux chômeurs. La solution de nouvelles entreprises franches dans le domaine des TIC ne cherche qu’un effet d’annonce. D’abord, l’exploitation du backbone national en fibre optique est suspendue aux avancées du projet de câble international Eassy. Ensuite, les employés habiles de leurs mains dans le domaine du textile ne sont pas forcément compétents pour les nouvelles technologies.

Pour préserver la compétitivité des entreprises sur le marché américain, la dévaluation de l’ariary est évoquée. Cette mesure drastique risque de bouleverser une économie déjà fragilisée par la crise. Une inflation généralisée est à craindre. Faut-il sacrifier 15 millions d’habitants pour essayer d’aider les 500 000 victimes de la fin de l’AGOA, telle est la question. Les pro-Rajoelina essaient de minimiser l’impact social et l’importance de ce marché américain. « Ces employés sont payés avec un salaire de misère, ce sont les entreprises étrangères qui en profitent ». Il est vrai que la masse salariale des employés concernés n’est que de 12 milliards d’ariary. Le message risque de ne pas passer s’il avait été adressé directement aux nouveaux chômeurs : « ce n’est pas grave si vous avez perdu votre emploi car, de toute façon, vous étiez mal payés » !