dimanche , 3 novembre 2024
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Grenier de l’Océan Indien : un devoir et un défi pour Madagascar
De gà dr : le premier ministre Jean Ravelonarivo, le président Hery Rajaonarimampianina et le SG de la COI Jean Claude de l'Estrac (ph PRM)

Grenier de l’Océan Indien : un devoir et un défi pour Madagascar

Alors que le pays se bat toujours pour atteindre de manière durable l’autosuffisance alimentaire, voilà que la COI lui met la pression pour nourrir toute la région. Madagascar grenier de l’Océan Indien, le programme tarde à se concrétiser. Puisque les Malgaches ne semblent pas être prêts à investir ni à s’investir dans cet objectif, ce sont les Mauriciens et les Réunionnais qui risquent d’en tirer profit à travers des projets agricoles dans la Grande Ile.

Faut-il trouver encore des excuses, du moins des explications, quand on évoque l’incapacité de Madagascar à produire suffisamment d’aliments pour ses 22 millions d’habitants. Le président Hery Rajaonarimampianina devait se justifier dans le cadre de la conférence internationale sur la « sécurité alimentaire régionale » qui a réuni à Antananarivo les pays de la Commission de l’Océan Indien. Il estime que, malgré les efforts indéniables qui ont été effectués en Afrique depuis des années, les objectifs sont loin d’être atteints. « Concernant principalement Madagascar, ces efforts ont été anéantis par des cataclysmes naturels, les cyclones, le changement climatique et l’invasion des criquets, argumente le président. Mais aussi, des problèmes structurels persistent, comme l’absence de source de financements, des programmes inadaptés pour le développement du pays, ou des crises politiques plombant tout projet de développement ».

Un projet financé par l’UE à travers la COI

Hery Rajaonarimampianina parle d’une « noble cause » quand il évoque le projet de « faire de Madagascar, dans un proche avenir, le grenier alimentaire de l’Océan Indien ». Il s’agit plutôt d’une bonne opportunité. La Grande Ile peut bénéficier d’un financement conséquent dans le cadre du 11ème FED à travers le programme indicatif régional sur la sécurité alimentaire géré par la COI. Selon le Directeur de la coordination des programmes et projets au sein du ministère de l’Agriculture, il s’agit d’un vaste programme qui devra mobiliser une centaine de millions d’euros et plus pour développer une agriculture moderne et performante.  « Il faut passer à une technologie plus avancée, nous pourrons respecter les normes si l’on maitrise l’irrigation, on aura le gabarit exigé par les autres îles », explique Bruno Rakotomahefa.

« Madagascar a la surface nécessaire, la population et l’expertise pour devenir le grenier de l’Océan Indien, s’enthousiasme le Secrétaire général de la COI. Il suffit de faire mieux les choses », Jean Claude l’Estrac a souligné l’intérêt de voir Madagascar produire des produits que les autres îles importent à prix élevé à des pays lointains. Le sujet qui suscite un malaise dans toutes ces belles intentions relève de l’implantation de compagnies agricoles régionales dans la Grande Ile. Pour le ministère de l’Agriculture, l’enjeu sera d’impliquer les producteurs malgaches. Le but est de préparer les agriculteurs qui sont en majorité des paysans mal préparés à faire face à l’agrobusiness. Plusieurs options de partenariat sont envisagées pour gérer la relation producteur-client. Les paysans pourront ainsi avoir un partenariat avec les exportateurs, des clients à l’étranger, des entreprises qui les aideraient à produire selon leurs besoins…

Des besoins régionaux tout à fait à la portée de Madagascar

Sur le papier, être le grenier de l’Océan Indien n’a rien d’insurmontable si Madagascar arrive à moderniser son agriculture. La Grande Ile doit combler les 250 000 tonnes de gap dans la production rizicole avant d’honorer les 180 000 tonnes dont ont besoin les autres îles. Elle a le potentiel de doubler sa production qui est de 2,5 millions de tonnes avec la même surface cultivée. Pour fournir 200 000 tonnes de maïs, 28 000 tonnes d’ognons et 18 000 tonnes de grains secs, les régions Sofia, Vakinankaratra et Menabe seront mobilisées.

L’UE accordera 1,33 milliard euros aux projets de l’AFOA-OI, la zone Afrique orientale et australe et Océan Indien pour la période 2014-2020. Dans le cadre d’un programme sur la sécurité alimentaire régionale, la COI va intervenir sur plusieurs projets, dont l’Intensification de la production pour  Menabe, Melaky, Atsinanana, Analanjirofo et Sofia ; la Commercialisation et infrastructures pour Menabe, Atsinanana, Analanjirofo et Sofia ;la Sécurité alimentaire et nutritionnelle pour Atsimo-Andrefana, Matsiatra Ambony et Amoron’iMania.

AH