jeudi , 18 avril 2024
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La compagnie nationale de l’électricité est à l’aube d’une grande réforme qui devrait changer sa stratégie financière et d’exploitation. La Jirama cristallise à elle seule la crise de l’énergie à Madagascar même si la problématique est plus générale. A défaut de politique énergétique proprement dite, on a essayé dans les années 2000 de mettre en place une gouvernance pour gérer et la compagnie et la production d’électricité. Les changements d’orientation politiques et l’incapacité à surmonter les difficultés et les contraintes ont fait régresser le secteur énergétique.

Jirama : les réformes s’annoncent mais ne se réalisent pas ?

Le ministère de l’Energie n’a pas de plan pour la Jirama et doit attendre l’aide mémoire de la Banque mondiale. La gouvernance du secteur électrique appelle les dirigeants actuels à faire des choix stratégiques et définitifs, à adopter la transparence et avoir une planification dans le but d’attirer les investisseurs. Déjà, le FMI exige des réformes urgentes notamment sur l’arrêt des subventions des carburants. Le DG de la Jirama, Désiré Rasidy, a fait savoir que la compagnie d’électricité ne peut qu’augmenter les tarifs comme le feront les pétroliers. Le ministre de l’Energie Richard Fienena a parlé d’un changement de statut pour avoir une société commerciale qui produit et vend de l’électricité. Il ne s’agit pas forcément de privatisation.

Saminirina Andriambelosoa, spécialiste de la question énergie du centre de recherche sur l’économie (CREAM) préconise dans le cadre stratégique de la politique énergétique une « augmentation de la production d’électricité à travers la recherche de financement dans la réalisation des centrales hydrauliques sur les sites déjà identifiés par le Ministère d’énergie, dont la puissance estimée représente plus de 20 fois de l’offre d’électricité actuelle, ou dans la réalisation des centrales thermiques à partir du charbon de Sakoa ». Ces investissements devraient aboutir à la « baisse du prix de l’électricité suite à l’abandon des centrales thermiques à gasoil ».

Le président Hery Rajaonarimampianina a promis « des grands investissements en énergie hydroélectrique à long terme ». C’était en réponse à l’une des mesures réclamées par le secteur privé pour résoudre le problème énergétique. Le développement des centrales hydroélectriques indépendantes qui produisent des petites quantités, 10 à 20 MW, est une solution idéale à moyen terme. Il permet de desservir les zones environnantes sans avoir à investir dans le transport de l’électricité ou dans l’interconnexion des réseaux.

L’huile lourde de Tsimiroro permet « d’éviter la hausse des tarifs et pourquoi pas de les diminuer » avait annoncé le ministre Fienena. Cette solution a finalement une portée limitée puisque seules Antananarivo, Antsiranana, Toliary et Toamasina ont des stations thermiques compatibles à ce type de carburant non raffiné.

En 2010, le taux d’accès à l’électricité à Madagascar a été estimé à 15% contre 20,3% en 2003. Le nombre d’abonnés de la Jirama stagne autour de 480.000 en fonction des compteurs d’électricité répartis. Entre 2010 et 2012, la compagnie enregistre en moyenne 16 000 nouveaux abonnés par an, soit une augmentation de 3,5% tout à fait proportionnelle avec une hausse de la production à +4.5%. En 2013, la production a dépassé le 1,4 millions Mégawatts après une augmentation de 5%.