jeudi , 25 avril 2024
enfrit
10% pour le taux d’occupation, à Nosy-Be il n’y a pas véritablement de basse saison, mais là, il n’y a plus tout simplement de saison pour les hôteliers. Les opérateurs regrettent que le ministère des Affaires Etrangères français qualifie encore l’île touristique dans le nord-est de Madagascar de destination à risque, classée orange. Ils assurent que la situation a nettement évolué et qu’il n’y a pas de problème de sécurité justifiant une telle mise en garde qui refroidit les tours operators et les touristes eux-mêmes.

La France n’en finit pas de punir Nosy-Be, le secteur du tourisme veut survivre

L’île aux parfums paie lourdement les événements du début octobre 2013 qui a vu la mort tragique de deux ressortissants français et d’un malgache suite à une sombre rumeur de trafic d’organe. Sur le moment, les annulations des réservations avaient été justifiées tant la petite île sombrait dans un climat de tension et d’émeutes durant quelques jours, jusqu’à ce que les autorités ne parviennent à rétablir l’ordre. Presque six mois après ces tristes événements, la vie ni les affaires n’ont pas repris leur cours normal à Nosy-Be. A part les hôteliers et les restaurateurs, la population locale profitait aussi des revenus issus du tourisme qui représente 80% des activités.

Face à cette crise, l’Office régional du Tourisme de Nosy-Be appelle la France à reconsidérer sa position. La classification en catégorie orange signifie pratiquement interdiction faite aux tours operators d’envoyer des touristes sur les lieux concernés. Les annulations continuent alors que le taux de remplissage dépasse à peine les 10% pour les hôtels habitués à recevoir des touristes français, il est de 4 à 25% sur l’ensemble de l’île au premier trimestre 2014. Les transporteurs, les professionnels des animations touristiques, les artisans, les pêcheurs, les marchands de légumes, les villageois… tous subissent la crise traversée par le secteur touristique.

A Nosy-Be vivent quelque 700 ressortissants français qui sont très bien intégrés parmi la population locale. Il n’y a pas eu de fuite massive ni de déménagement. La communauté française de Nosy-Be considère que les événements d’octobre 2013 avaient eu lieu dans un contexte très particulier et ils ne sentent pas une menace ni la montée d’une quelconque xénophobie. Par ailleurs, de nombreux opérateurs touristiques de l’île sont de nationalité française et demandent à leur gouvernement de lever cette pression « injuste » sur Nosy-Be.

Le nouveau président malgache a fait de Nosy-Be une priorité pour sa qualité de destination principale pour les touristes internationaux. L’État y appuie l’application effective du Plan local de sécurité 2014 établi par les autorités sur place et les opérateurs privés. Il donne les moyens financiers et matériels pour sécuriser l’île, sur terre comme sur mer.

Ces mesures devront être pérennisées pour que les touristes étrangers et la population locale profitent de la quiétude de Nosy-Be. Le gouvernement évoque « un message fort à véhiculer pour rassurer les pays émetteurs de touristes et les prescripteurs de voyages ; d’autant que, pour Madagascar, l’insécurité n’est pas aussi dangereuse que dans d’autres pays ».

Nosy-Be, récemment désignée la plus belle île d’Afrique par le très renommé Trip Advisor, risque de devenir une île touristique déserte. Les rares touristes qui occupent les hôtels s’étonnent même de voir si peu de visiteurs dans un site qualifié de paradisiaque. Les entreprises hôtelières ne baissent pas les bras et continuent d’investir pour relancer le secteur. La compagnie Air Madagascar va bientôt mettre en place des lignes directes sur Nosy-Be, reliant l’île avec Johannesburg, la Réunion et Marseille. Des liaisons aériennes promises à la faillite si l’alerte orange de la France n’est pas levée d’ici là.