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La situation macro-économique de Madagascar en 2015 dépeinte par le FMI
Une délégation de la FMI reçu par le président Rajaonarimampianina.( A droite, Patrick Imam, Représentant résident du FMI à Madagascar). Ph : Prm 2015.

La situation macro-économique de Madagascar en 2015 dépeinte par le FMI

La reprise de l’économie malgache s’est révélée plus lente que prévue, surtout en raison de chocs extérieurs et de problèmes aux causes structurelles profondes. La chute des cours mondiaux des produits de base exportés et les chocs météorologiques ont contribué au ralentissement de la croissance. Dans le même temps, l’incertitude politique, la mauvaise gouvernance, y compris la corruption et la médiocrité des institutions dont les entreprises publiques et de l’appareil judiciaire, ont freiné l’investissement privé, ralenti la mise en œuvre des réformes et retardé l’apparition de leurs effets bénéfiques. Dans ce contexte, les besoins de financement, y compris de la balance des paiements, ont augmenté.

A cause de ces chocs inattendus, il a été difficile d’atteindre totalement les objectifs économiques qui avaient été fixés. Le secteur minier a fortement souffert de la nette baisse des prix internationaux des produits miniers. Des cyclones et de fortes pluies dans la partie centrale du pays plus tôt dans l’année ont entraîné une baisse de la production agricole et le déplacement de 39 000 personnes. À cause d’une sécheresse prolongée dans le sud du pays, plus de 200 000 personnes ont dû recevoir une aide alimentaire. Le secteur du tourisme et une partie du commerce extérieur ont souffert aussi de ces événements, ainsi que d’une grève prolongée à Air Madagascar, la compagnie aérienne nationale. Les dégâts dus aux conditions climatiques sont estimés à environ 1 % du PIB, et les coûts de la reconstruction devraient avoisiner 3 % du PIB. En conséquence, la croissance qui aurait dû atteindre 5 % en 2015 selon les prévisions a maintenant été révisée à la baisse à 3,2 %.

Dans ce contexte difficile, les autorités ont poursuivi et ont même renforcé les réformes qui ont contribué à maintenir la stabilité et la viabilité. Dans le secteur des finances publiques, des mesures supplémentaires ont été prises pour renforcer les administrations de l’impôt et des douanes, réduire au minimum les pertes de recettes considérables par rapport à la loi de finances 2015 et éviter des dépassements des dépenses considérables. Les augmentations inévitables des transferts aux entreprises publiques ont été compensées partiellement par une réduction des subventions aux carburants, un assainissement de la solde de la fonction publique, des économies de coûts au niveau des dépenses courantes et un report de dépenses d’équipement non prioritaires.

Ces mesures ont produit des économies considérables. Un renforcement du contrôle de la JIRAMA, la compagnie publique d’électricité et d’eau, a contribué à réduire les transferts de 1,7 % du PIB en 2014 à 0,6 % en 2015. En conséquence, le déficit budgétaire a augmenté de manière limitée et ne devrait s’accroître que légèrement en 2015 par rapport aux projections originales. Cependant, des conditions de financement plus rigoureuses que prévu ont influé sur les plans de règlement des arriérés. Les autorités ont entamé des négociations avec les créanciers en vue de régler les arriérés au moyen de bons du Trésor, et continuent de chercher à trouver des solutions à ce problème.

La politique monétaire et la politique de change restent en bonne voie et ont permis de maintenir l’inflation en deçà de 10 %, et la banque centrale a engagé un certain nombre de réformes visant à renforcer ses capacités. En outre, la banque centrale a mis fin aux opérations de rachat sur le marché des changes interbancaire, si bien que le taux de change officiel s’est maintenant rapproché du taux du marché, après une dépréciation d’environ 10 % en septembre.

« Malgré cette conjoncture économique difficile, le gouvernement a globalement préservé la stabilité macroéconomique tout en prenant des mesures pour la renforcer », reconnait le FMI. Les chocs exogènes et le ralentissement de la croissance économique n’ont pas empêché les autorités de contenir l’inflation sous la barre des 10 % et de veiller à ce que les réserves internationales couvrent les importations. De plus, les déficits budgétaire et courant ne compromettent pas la viabilité à moyen terme. Le taux de change réel s’est modérément déprécié, reflétant sa flexibilité en valeur nominale, et n’est pas en décalage par rapport aux fondamentaux. Pour préserver la stabilité macroéconomique, le gouvernement a dû tailler dans les dépenses en raison de l’insuffisance des recettes recouvrées, de transferts aux entreprises publiques plus importants que prévus et des limites imposées aux financements de la banque centrale. S’agissant de l’apurement des arriérés, le tableau est au mieux mitigé en raison de fortes contraintes budgétaires.

La croissance économique de Madagascar se maintient simplement au même rythme que l’accroissement démographique et les investissements publics dans le capital physique, humain et institutionnel ne sont pas encore suffisants pour concourir à une croissance durable. La résilience aux catastrophes naturelles reste un motif de préoccupation. Les autorités ont intensifié leurs efforts comme il convenait et fait de l’amélioration du recouvrement des recettes intérieures une priorité immédiate. La répression effective de la fraude fiscale est capitale. Mais il importe aussi d’améliorer la qualité des dépenses en réduisant les besoins de transferts aux entreprises publiques déficitaires et en supprimant les subventions inefficientes aux carburants.

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