samedi , 20 avril 2024
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A son inauguration le vendredi 07 juin 2002, Mada-Bourse comptait quelque 70 membres. L'objectif de ce marché boursier privé est de permettre aux actionnaires, surtout les plus petits, d'échanger des titres entre eux.

Mada-Bourse inaugure le marché des titres

Les adhérents de Mada-Bourse ne sont pas obligés de vendre ni d’acheter des actions à chaque séance qui se tient tous les premiers jeudi du mois. Les adhérents peuvent passer les ordres en utilisant un logiciel et sans passer par des intermédiaires. Le premier vrai marché aura lieu le 04 juillet prochain. Lors du jour de l’inauguration, des ordres sur des actions de la BMOI (Banque Malgache de l’Océan Indien) ont été passés en avance, et présentés aux invités grâce à une simulation des activités qui vont animer la place boursière de la Chambre de Commerce à Analakely. Une vingtaine de transactions, « c’est petit, mais ce n’est pas grave » rassure C. Ramarolahy. La séance a été clôturée avec la cession d’une dizaine de titres de la BMOI. Au début, Mada-Bourse sera un marché de tâtonnement. Dans cette « mini-bourse », les initiateurs s’attendent à ce que les adhérents fassent des transactions, mais aussi à ce qu’il y ait de véritables débats sur les valeurs des sociétés.

C’était en 2000, que Christian Ramarolahy qui travaillait pour la société boursière Chevreux de Virieu, s’est dit : « je vais aller à Madagascar et créer un marché boursier ». Et ce n’est pas pour coter les zébus ni les lémuriens, comme disaient en plaisantant ses amis de France. « La bourse ce n’est pas seulement Wall Street, Tokyo ou Londres, quand il y a vente d’action, il y a bourse », explique le jeune financier. Il a pourtant failli renoncer : « au bout de six mois, j’en ai eu marre de Madagascar à cause des obstacles : il n’y a pas de culture boursière dans le pays, comment réglementer quelque chose qui n’existe pas… ». La bourse, « ce n’est pas demander aux gens de spéculer « , précise Christian Ramarolahy. Il trouve « bizarre » qu’une société anonyme n’accepte pas la libre circulation des actions. Il déplore aussi le fait que les actionnaires n’ont pas les mêmes connaissances sur leurs droits et leur marge de manoeuvre.

Selon C. Ramarolahy, si un marché de titres existait avant la privatisation des banques, les employés auraient pu récupérer beaucoup d’action. Une idée qui est reprise par P. Rakotondramboa, l’un des initiateurs de Mada-Bourse, qui souhaite permettre aux petits porteurs d’avoir des actions dans le processus de privatisation des grandes sociétés comme Telecom Malagasy, afin que toutes les actions n’échouent pas dans les mains des investisseurs étrangers. Pour lui, la bourse de valeur est un vrai investissement qui peut se solder à moyen terme par des bénéfices. On peut acheter des actions et récolter des dividendes ou les vendre quand ils ont pris de la valeur ou quand la société a besoin de liquidité. P. Rakotondramboa rappelle qu’il s’agit d’un vrai marché avec des ventes et des achats, et non pas d’un jeu de hasard comme les courses.

Mada-Bourse s’est associée avec l’Iscam (Institut supérieur de la Communication, des Affaires et du Management) pour créer la place boursière. Outre les cours théoriques, des
simulations ont permis aux étudiants de s’impliquer dans l’aventure. « J’encourage les efforts de Mada-Bourse et assure l’appui du gouvernement pour telle initiative », devait déclarer le vice-premier ministre Narisoa Rajaonarivony, présent lors la cérémonie d’ouverture. « Nous avons deux siècles de retard mais nous avons la technologie », conclut avec optimisme C. Ramarolahy.