jeudi , 28 mars 2024
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Madagascar finalise sa politique industrielle

« Doter Madagascar d’un tissu industriel dynamique et compétitif, moteur du développement économique et durable de Madagascar », telle est la Vision adoptée et partagée de l’industrie Malagasy pour qu’elle puisse effectivement jouer son rôle de moteur du développement du pays et conduire à la transformation de sa structure économique.

Madagascar envisage de mettre en place une Politique Industrielle avec la participation et la collaboration de tous les acteurs concernés, le secteur public, le secteur privé, la société civile et les partenaires techniques et financiers, conscient que son plus grand défi reste le développement économique et l’amélioration de la qualité de vie de ses citoyens pour sortir de la pauvreté.

Cette Politique Industrielle nationale a pour objectifs de transformer la structure de l’économie et augmenter significativement le poids de l’industrie dans le PIB national à plus de 25% ; de rendre compétitif le tissu industriel et réussir le passage d’une industrie à faible valeur ajoutée vers une industrie à haut niveau de technologie. Elle permettra de renforcer la compétitivité des industries locales pour faire face à la concurrence et satisfaire le marché domestique ou encore pour conquérir le marché international. Elle mettra en place un environnement global des affaires favorable au développement du secteur privé en général, et du tissu industriel en particulier.

Etat des lieux du secteur industriel 

Le diagnostic du secteur industriel Malagasy, réalisé en utilisant le modèle «Systemic competitiveness» selon Esser et Al. (1996), a révélé une absence de vision commune de développement associée à une faiblesse de la culture entrepreneuriale, à l’aversion du risque et du changement au niveau méta, autant de raisons qui justifient l’insuffisance de culture industrielle du Malagasy. Malgré des avancées notables, des politiques macroéconomiques encore non adaptées pour la promotion et le développement du secteur industriel, un régime fiscal non incitatif pour l’industrie locale, une absence de concertation entre les différents acteurs, une insuffisance du contrôle au niveau Douanes/GasyNet qui ne permet pas une concurrence saine et normale.

Il n’existe actuellement ni une politique économique ni une politique industrielle soutenue pour développer le secteur industriel. Depuis les années 1990 et suite aux programmes d’ajustement structurel, plusieurs grandes réformes ont été réalisées, notamment en matière de fiscalité et de douanes et les activités y afférant continuent pour améliorer l’environnement des affaires. Toutefois, beaucoup restent à faire et on constate encore l’absence de coordination de l’Etat à travers une incohérence des politiques sectorielles pour le développement de Madagascar.

Les Politiques monétaire et budgétaire appliquées depuis ne sont pas propices à la promotion et au développement du secteur industriel. Le Régime fiscal en vigueur actuellement est non-incitatif pour l’investissement et le développement des activités économiques pour le développement effectif de l’industrie. Une des faiblesses soulevées est la quasi-absence de concertation entre le secteur public et le secteur privé lors du processus d’élaboration annuelle de la Loi des finances. Concernant les taxes, la mise en application de la TVA fait partie des défis à relever (niveau du seuil minimal, taux, procédures, non respect du principe de remboursement de la TVA) ainsi que l’existence de distorsion entre la taxation des matières premières/ intrants et celle des produits finis importés.

Les défis du développement de l’industrie malgache

Le secteur industriel du pays doit absolument sécuriser l’approvisionnement des matières premières locales en qualité, en quantité, en prix et en délais de livraison. Il doit s’assurer de disposer des matières premières défaillantes ou inexistantes ainsi que des intrants inexistants, cela par l’importation. Les entreprises auront alors à gérer les délais, les taxes et les procédures de dédouanement. Le secteur doit renouveler partiellement le parc industriel et remplacer les matériels de production vétustes. Il a besoin de combler l’insuffisance de marketing des industriels et leur faible faculté d’adaptation face à la concurrence déloyale des produits importés.

Un autre défi est d’obtenir un premier consensus sur le principe que « Le développement d’un pays passe par l’amélioration de la productivité et la transformation structurelle de son économie et de ce fait doit impérativement passer par le stade du développement industriel ». L’insuffisance de culture entrepreneuriale / créativité et de culture industrielle du Malagasy a de multiples causes. La culture de fihavanana, caractéristique du Malagasy à la recherche continuelle de compromis, entrave le développement de l’esprit de compétition. L’aversion au risque du Malagasy et le respect démesuré de la tradition et du droit des ainés, est un frein aux changements et au développement de la créativité. Tout cet état d’esprit explique entre autres la faiblesse de la faculté d’adaptation et la rapidité de réaction des systèmes organisationnels Malagasy au milieu très évolutif et hautement concurrentiel du monde actuel.

Recueillis par A. Herizo