samedi , 27 avril 2024
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Si la majorité des Malgaches semblent s’habituer à une situation de plus en extrême, la Banque mondiale tire la sonnette d’alarme sur le spiral d’appauvrissement dans le pays à cause de la crise politique et de la mauvaise gouvernance. De 2009 à 2013, le coup d’Etat et le régime non reconnu de Andry Rajoelina ont coûté à Madagascar 8 milliards de dollars. C’est le montant estimé par la Banque mondiale du déficit du PIB à cause des 20% de croissance dont le pays n’a pas bénéficié. Avant la crise, la croissance du PIB a été supérieure à 5%.

Mandat transitoire de Rajoelina : l’effarant bilan de la Banque Mondiale

Une crise sociale sans précédent

En quatre ans, sous le règne d’Andry Rajoelina, Madagascar compte 4 millions de pauvres supplémentaires. Le taux de pauvreté est estimé à 92%, soit neuf malgaches sur dix vivant avec moins de 2 dollars par jour. Le taux habituel était de 70% avant que la situation ne se soit améliorée entre 2005 et 2008.

Le secteur social est directement touché. 600 000 élèves de moins de 15 ans sont déscolarisés. Les enfants de la génération Rajoelina, nés à partir de 2008, souffrent d’insuffisance pondérale. La malnutrition aigüe a augmenté de 50% dans certaines zones. Toutes les améliorations dans le domaine de la santé maternelle et infantile ou encore dans l’élimination de l’extrême pauvreté ont été annihilées.

La forte croissance démographique, avec 3 millions d’habitants supplémentaires entre 2008 et 2013, n’a pas été suivie par celle du PIB. L’incapacité du régime à entretenir les infrastructures pour cause de coupes budgétaires sévères, en particulier les routes, l’approvisionnement en eau potable et en électricité plombe une croissance déjà famélique.

Une économie faible et hors de contrôle

La représentante de la Banque mondiale fustige l’incapacité du régime à soutenir le secteur économique et déplore « des faillites qui ont lieu tous les jours ». Madagascar est devenu l’un des pays le moins performants. La crise a affaibli encore plus l’Etat de droit et a favorisé l’insécurité croissante.

La mauvaise gouvernance dans l’exploitation des ressources naturelles, la faible transparence dans la gestion des ressources publiques, l’absence d’investissements nationaux et étrangers, l’absence de création d’emplois massive, la détérioration de l’environnement de la gouvernance… sont autant de symptômes d’une croissance nulle soulevés par la Banque mondiale.

L’économie malgache a souffert de la diminution de l’aide officielle, de l’ordre de 30%, le reste étant transféré à des projets humanitaires. La pérennité de ces financements extérieurs est plus qu’incertaine.

Madagascar exposé à de nombreux risques

La banque mondiale semble louer la gestion macro-économique prudente, ce que Rajoelina qualifie de bonne gouvernance, mais souligne la pression croissante sur le maintien de la stabilité économique. Elle constate une baisse des recettes fiscales et une augmentation des fraudes alors que la Direction générale des Impôts et le ministère des Finances ont toujours été satisfaits d’un taux de réalisation de plus de 90% grâce à la contribution des grands projets miniers.

En tout cas, le niveau de dépense mal maitrisé à cause des pressions politiques et des chocs a mis en mal les finances de l’Etat. Selon la Banque mondiale, le prochain gouvernement risque de payer les frais pour rétablir cette situation fiscale affaiblie.

La crise politique a mis Madagascar dans l’incapacité de s’adapter aux facteurs exogènes et aux chocs dans un contexte de crise économique à l’échelle mondiale. Les catastrophes naturelles risquent à tout moment de fragiliser encore plus l’économie. L’invasion acridienne est une grande menace vu que le pays pourrait perdre 60% de la récolte de riz. 70% de la population seront alors touchés par une crise alimentaire.

Alors qu’il est candidat déclaré, mais qui refuse de démissionner tout en faisant cavalier seul dans la campagne électorale à travers les inaugurations, Andry Rajoelina n’a pas un bilan à défendre. Derrière les hôpitaux dans plusieurs régions, les quelques centaines de logements sociaux, c’est le néant. L’autoproclamé bâtisseur a surtout laissé des œuvres de destruction.